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CHAPITRE 55 : Le labyrinthe de Greed (suite)

 


Whitie@KirinTor : "Je remercie tout spécialement Kenryl de Vol’Jin http://eu.battle.net/wow/fr/charact... pour avoir retrouvé le chapitre 55".

Kenryl@Vol’Jin : "Allez, tout droit sorti de mon tiroir, voici le chapitre 55. Et peut-être l’ultime chapitre jamais écrit par la Déesse. Rendons-nous à l’évidence, toutes les bonnes choses ont une fin et la disparition soudaine de Synapse laisse penser que celle des Tribz est peut-être arrivée...
Quoi qu’il en soit, savourez ce dernier chapitre comme il se doit :)"

***

Vous savez, un labyrinthe, avant même d’être un piège mortel ou un prodige d’architecture, c’est surtout un truc très, très, très répétitif.

Quand vous avez vu un mur, vous en avez vu mille. Et moi je n’étais pas prête d’arrêter d’en voir... Soyons clair, je me suis toujours vanté d’avoir un sens de l’orientation parfait, mais dans le cas d’un labyrinthe géant créer par un esprit malade pour garder ses proies à portée, je doute que cela suffise. Tient en parlant du loup...
- Alors Synapse, tu apprécies la balade ?
- Vous comptez me coller encore longtemps Greed ?
- C’est énervant hein ? Ici mon apparence est immatérielle et on ne peut m’atteindre... mais j’ai pouvoir sur toute chose et je peux être et comprendre tout ce qui m’appartient. Pratique non ?

Le salopard lisait donc les esprits de ceux qu’il avait enfermé dans son monde, pouvant ainsi voler les pouvoirs et techniques de ses victimes. A ce titre, pas étonnant que Zek ou Krull fussent des recrues de choix. Dans un puéril effort de l’éloigner de mon crâne, je me forçais à imaginer quelques scènes atroces impliquant des nains, espérant obtenir une réaction de dégout de la part de Greed.

Mais rien. Il aime les nains ou quoi ?

Emplie d’un doute, j’imaginais alors une scène qui provoquerait chez n’importe quel être normalement constitué une réaction immédiate. Oui, c’est ce à quoi vous pensez.

L’elfe resta de marbre. Une seule solution possible.
- C’est tout de même dommage que vous ne pouvez lire mes pensées, n’est ce pas ?
- Hein ? Mais... comment ? Comment tu sais ça toi !
- Peuh, j’ai tout de suite deviné. Personne ne peut lire à travers mon divin esprit et...
- ... et ces foutus démons à l’intérieur qui embrouillent tout à tel point que je comprends plus rien ! Oui en effet, c’était malin de ta part...

Ah ? C’était les démons ? Remarque c’est plutôt logique. Il est vrai que mes démons fusionnés font en quelque sorte partie de moi et de mon esprit et... eh minute ! J’espère que ca veut dire qu’ils ne lisent pas mon esprit ceux-là ! Note pour moi-même, interroger Shaathun sur mes pensées récentes, il ne sait pas mentir de toute façon.
- Et c’est donc pour cela que j’ai le droit à la surveillance permanente ? Demandais-je.
- Oui. Je ne sais pas ce que tu manigances, mais je compte bien te surveiller jusqu’à l’arrivée de Pride. Il me donnera un bon prix contre toi, pour t’utiliser contre Sloth. Ou peut-être que le Roi Liche serait intéressé, hmm...
- Sans vouloir vous interrompre, je tiens à dire que c’est plutôt une mauvaise idée de rester ici en ce moment, alors que vous n’avez toujours pas neutralisé Mo.
- Peuh ? Ce gnome ? Comme si il pouvait faire la moindre éraflure à mon armure ! Mes hommes auront tôt fait de s’en débarrasser.
- Je ne parlais pas du risque pour votre vie, mais plutôt pour vos possessions. Je vous signale que je vous ai laissé seul avec le plus grand cleptomane de l’histoire gnomique depuis l’invention des robes taille basse chez Fjord.

Le visage immatérielle de Greed se figea. L’idée fit rapidement son chemin dans la tête de l’elfe qui, pris d’une sainte horreur à l’idée que ses trésors soient pillé, s’en alla droit vers le ciel en hurlant. Mo allait passer un sale quart d’heure c’était sur, mais après tout je l’avais recruté comme chair à canon. Puis il court vite.

En voyant Greed s’envoler, je me disais que c’était plutôt une bonne idée pour me tirer de ce foutu labyrinthe. Sortant les ailes de Cattnia, je battais péniblement de ses ailes de chauves-souris pour m’élever de quelques mètres. Une barrière invisible me repoussa... évidemment, cela aurait été trop facile. A y réfléchir, j’étais tout de même dans une situation plutôt délicate car rien ne prouvait qu’il était possible de sortir de cet endroit, dans la mesure où Greed l’avait entièrement imaginé. Mais les mondes d’un seul homme sont toujours fragile et j’avais bon espoir, une fois réuni avec Bizrot, que mes pouvoirs de déesse puissent briser ce petit univers intérieur.

Restait à trouver le diablotin...

A bien y réfléchir, même si le labyrinthe était très certainement gigantesque, cela n’aurait pas de sens de mettre chacun dans un labyrinthe différents, nous étions surement tous dans le même pour que Greed puisse nous observer se démener pour rien. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que je croise quelqu’un. Et ce quelqu’un...
- OH NON ! NON ! BON SANG NON ! C’EST PAS VRAI !
- Bonjour Liven...
- NOOOOON !

...

Et donc, perdue dans un labyrinthe rempli d’a peu près les trois-quarts des gens que j’ai rencontré dans ma vie sinon plus, je tombais en premier lieu sur mon ennemi juré. Le sens de l’humour de ma divine destiné m’échappe parfois totalement. Seul réconfort, Liven semblait encore moins heureuse que moi de cette mauvaise rencontre.
- Mais pourquoi... ca fait 10 jours que j’ai croisé personne et il faut que je tombe sur toi ! Qu’est ce que tu fiches ici ? Pourquoi tu me suis ! Je ne veux plus jamais te revoir !

Liven tourna les talons sans me laisser répliquer, s’enfuyant à toutes jambes plutôt que de rester en ma présence. Toutefois quelques minutes plus tard, alors que j’étais resté en plan devant cette étrange rencontre, Liven réapparut devant moi, complètement essoufflée.
- Geuuuh... HEIN ! Mais c’est pas vrai !

Liven fit à nouveau demi-tour, courant le plus loin possible comme une enragée... pour revenir au même point quelques instants plus tard. Finalement, elle s’arrêta pour reprendre son souffle... dans la mesure où les morts-vivants ne respirent pas, j’ai toujours trouvé cela un peu étonnant.
- On dirait... que je suis perdue... fit Liven.
- En même temps courir dans tous les sens dans un labyrinthe, c’est plutôt stupide, fit une succube qui avait abandonné dès le premier aller-retour.
- Oh bonjour Mirna, ca fait longtemps ! M’exclamai-je. Vu que je sens que ta maitresse va encore tenter de s’enfuir pendant un moment, tu pourrais me dire ce qu’il se passe ici ?

Mirna m’expliqua que cela faisait trois mois que Liven et l’équipe de Brexxor s’était faites capturer par Greed. Ils étaient parvenus à entrer dans Malykriss grâce à la complicité d’Envy en compagnie de Krull mais ils étaient tombé en plein milieu d’une bataille entre Wrath et Xzan, avec Lust qui tirait les ficelles. Greed est ensuite intervenu pour séparer les combattants et piqua une crise quand il s’aperçut de l’étendu des dégâts. En voyant que Greed engueulait vertement Lust et avait envoyé ses disciples maitrisé difficilement Wrath, Brexxor et ses compagnons firent l’erreur de voir en Greed un allié. Et de se sentir redevable... et donc vous devinez la suite.

Par contre, bien évidemment, Liven ne succomba pas à la manoeuvre, bien incapable de se sentir redevable de qui que ce soit. C’est là que les choses ont dérapés.
- Hein ? C’était la partie simple là ? Demandai-je. Je comprends déjà plus rien.
- Et moi non plus, fit Mirna. C’est à ce moment qu’Envy s’est faites tuée. Je n’étais pas invoquée aussi je ne peux pas donner de détails mais Liven m’a parlée d’une lumière étrange, de plusieurs couleurs. L’instant d’après elle était sur le sol, mourante. Gluttony est arrivée et elle s’est mise à hurler et puis c’est enfin Pride qui est apparut... ce fut le Chaos. Gluttony a accusé Pride, Lust a tenté de finir Xzan, Wrath s’est libéré...
- Oula... et ensuite ?
- Ensuite Liven s’est faite piégé par Greed, on ne sait donc rien.
- Ah bon ? Comment il a fait ?
- Elle refuse toujours de me le dire.

Un enième cri de rage nous renseigna sur la position de Liven qui, de guerre lasse, consenti à nous rejoindre. J’apprit de sa bouche qu’à peu près tout le monde était effectivement dans le même labyrinthe et qu’aux dernières nouvelles, ils allaient à peu près bien. A peu près. Liven insista sur ce dernier point, expliquant qu’elle n’avait pas de nouvelles fraiches du fait que, pour des raisons personnelles, elle avait préféré s’isoler et ne pas rechercher les autres membres de son groupe ou des Tribz.

En fait elle avait passé la quasi-intégralité des trois mois seules.
- Le labyrinthe est si grand que cela ? On peut réellement ne croiser personne en trois mois ?
- Bien sur ! C’est un vrai labyrinthe, pas un décor de jardin.
- Cela doit être affreusement répétitif ces murs de briques rouges...
- Oh non, ca ce n’est que le labyrinthe rouge, ce n’est qu’une petite partie. Il y a d’autres types de labyrinthes, certains plus étranges que d’autres... par exemple il y a le labyrinthe de glace, le labyrinthe de fumée, le labyrinthe invisible, le labyrinthe jungle... ou même le labyrinthe des murs qui parlent.
- Hein ? Les murs attaquent les gens ?
- Non. Ils parlent. Ils sont même plutôt polis, ils n’arrêtent pas de dire "Pas de panique, nous sommes juste des murs qui parlent, nous n’allons pas te manger !" mais ca devient lassant à la fin.

Greed avait définitivement une grande imagination. Tordue également.
- Et la bouffe, vous faites comment depuis trois mois ?
- Je suis morte, je ne mange pas.
- Je veux dire les autres...
- Je suppose qu’ils trouvent de quoi manger dans le labyrinthe-jungle. Mais je me méfierai, tous les labyrinthes sont remplis de pièges de ce genre. Enfin sauf les murs qui parlent, mais eux ils rendent cinglés...
- Hein ? Mais pourquoi tuer les gens dans le labyrinthe ? Le but n’est pas justement de les garder pour profiter de leurs pouvoirs ?
- Aucune idée. Peut-être une question de sélection naturelle... ou alors il peut conserver le savoir de ceux qui meurt dans le labyrinthe... mais Greed n’intervient jamais directement ici, cela va apparemment à l’encontre des "règles".

Liven expliqua que cet univers interne semblait être régit par des règles que même Greed ne contrôlait pas. Des règles que beaucoup avait essayé de comprendre dans l’espoir de s’échapper et avec, jusqu’à présent, peu de succès. C’est pourquoi, malgré la haine tenace que Liven me porte, elle apprécia davantage mon plan qui consistait à tout faire sauter... ou à me voir échouer lamentablement, ce qui lui plairait également beaucoup.
- Eh sinon, c’est quoi le piège avec le labyrinthe rouge ? Jusqu’à présent tout va bien.
- Oh, rien en fait... si on oublie le "minotaure" et les murs qui bougent.
- Vraiment ? Les murs bougent ?
- C’est un labyrinthe magique Synapse ! Bien sur que les murs bougent ! Quand au "minotaure"... la simple couleur des murs devrait te renseigner sur la personne en question.
- Heu... oh. Oh ! Oh...
- Oui. Oh...

Ne voulant pas croiser un Guro enragé dans la mesure du possible, je proposais à Liven de reprendre le chemin et essayer de chercher Bizrot dans un endroit plus acceuillant... en assumant que cela existe dans ce monde bizarre.

*** Pendant ce temps, sur Malykriss ***

La situation était grave, Greed était en pleine crise, laissant à ses disciples la désagréable impression que le titre de leur maître aurait plutôt été Wrath que Greed si l’on avait voulu faire bien les choses. Mais qui étaient-ils pour critiquer les choix du roi-liche... la raison de la colère de Greed ? Un gnome. Un ridicule et minable que j’avais ramassé dans les bas-fonds de Dalaran et qui s’était avéré être le plus irritant et cleptomane des gnomes de toute l’histoire de cette désagréable espèce.
Et Greed en faisait les frais. Oh oui.

- On l’a vu dans le quartiers des contremaîtres ! cria l’un des gardes.
- Non ! Il se cache dans l’armurerie ! Hurla un autre.
- Les cuisiniers viennent de se faire dévaliser ! Annonça un troisième.
- Mais bon sang, il est combien ce gnome ! Rugit Greed. Choppez le !

Les yeux injectés de sang, Greed parcourait d’un pas lourd les couloirs de sa forteresse en ruminant à voix basse les choses dont Mo l’avait déjà dépossédé. Le voleur gnome, qui s’auto-surnommait le "Renard de Feu", avait commencé par faire une razzia dans la salle des trésors principale, dérobant une couronne de rubis que Greed réservait pour sa victoire finale en Azeroth, ainsi qu’un sceptre magique dont l’étrange pouvoir était de créer des sources d’eau dès qu’il touchait le sol... sources qui semblaient ne jamais se tarir.

De l’eau jusqu’aux genoux, Greed passa en revu le forfait suivant de l’ignoble créature, à savoir dévaliser ses quartiers personnels, où Mo avait engouffré dans son sac tout un tas de babioles sans intérêt mais très cher à Greed, une poignée de colifichets que le chevalier appréciait, la collection d’autographes de démons majeurs qu’il avait complétée durant son difficile séjour dans les dimensions inférieurs et même la lettre qu’il avait reçu de dame Tyrande en personne pour ses anciens exploits. Oh ce gnome allait payer.

Aux dernières nouvelles, Mo se baladait désormais en multipliant les fontaines surnaturelles, chose qui semblait particulièrement l’amusé, et s’était constitué un véritable arsenal de projectiles en pillant consciencieusement l’armurerie, qu’il restituait un par un à chaque chevalier qu’il apercevait avant de prendre la fuite. Greed devait agir, et vite, sous peine de voir sa forteresse sinistré par un dégât des eaux.
- Oh Synapse. Tu vas regretter d’avoir amener cette chose ici. Oh oui, tu vas regretter.

*** De retour dans le labyrinthe ***

- Atchaaa !
- A tes souhaits...
- Je vais prendre froid à me balader entre tous ces murs. Me dit pas qu’il faut dormir contre la pierre en plus de cela ?
- Cela fait trois mois que je rêve d’un matelas.

Génial. Me voilà piégée dans l’imaginaire d’un elfe taré et dénué de tout sens du confort moderne, en compagnie de ma pire ennemie qui, chose étrange, n’a toujours pas essayé de me tuer, chose qui doit constituer une sorte de record personnel pour elle. Moi qui croyait être d’une nature chanceuse...
- L’essentiel est de retrouver Bizrot, inutile de s’inquiéter pour le reste, je ne compte pas m’éterniser, assurai-je.
- Ils disent tous cela au début...

Tandis que Liven se moquait de mon optimisme quand à nos chances de s’en sortir, les murs de briques rouges laissaient place à un autre type de labyrinthe, un motif en forme de damier blanc et noir, couvrant tout le sol et les murs.
- Ah ! Tu vois ! On a déjà changé de labyrinthe. On avance !
- Oh non, pas celui-là... faisons demi-tour.
- Pourquoi ? C’est pas bien les damiers ?
- Non. Celui-là est bourré de pièges. En fait on ne peut marcher que sur les dalles noirs, toutes les blanches sont piégées. Cela peut paraitre simple mais en réalité c’est un vrai calvaire. Restons ici, tout ce que l’on risque c’est de croiser...

* GROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOAAAAR *

- Ok va pour les damiers.

Si vous imaginiez que sauter de dalle en dalle était quelque chose d’amusant, détrompez-vous tout de suite. Les dix premières dalles sont amusantes, surtout à regarder Liven dont la taille rendait la tâche particulièrement périlleuse... mais au bout d’une dizaine de mètres parcourus comme cela, on en vient à penser que les fillettes jouant à la marelle dans les cours de récréation sont de dangereuse déviantes aux goûts masochistes.
- Il se passe quoi si je touche une dalle blanche...
- N’y pense pas et saute.

Oh, j’avais presque oublié. Liven. Pourquoi cette gamine ne cesse de se retrouver sur mon chemin ? Est-ce une sorte de blague du Destin ? Une erreur de l’univers ? Un employé de bureau de la Destinée qui a trouvé drôle de m’imposer la présence d’une mort-vivante me souhaitant la première partie ? Vraiment... ce n’est pas comme si c’était ma faute si elle est morte ! Bon peut être un peu... mais ce n’est pas une raison pour m’en vouloir. Il était peut-être temps qu’elle passe à autre chose.
- Dis moi Liven, quel est ton but ?
- Sortir d’ici.
- Non je veux dire, dans un aspect moins... immédiat.
- Sortir d’ici et te laisser dedans.
- ...

Liven sauta une nouvelle dalle puis ronchonna encore et se fit à l’idée d’avoir une réelle conversation avec moi. Dans la mesure où elle n’avait du parler durant ces trois derniers moi qu’à Pan et Mirna, même moi devait représenter une alternative valable.
- Je ne sais pas. Il y a tant de choses qui m’énervent que me venger de toi me semble secondaire en ce moment. Et puis...
- Et puis ?
- Bon. Je vais t’expliquer comment j’ai fini ici, mais tu dois d’abord me promettre de ne pas rire. Sinon je jure que tu vas découvrir ce qu’il y a sur les dalles blanches.
- Pas de problème, je jure de ne pas rire.
- Greed. Je suis redevable de lui parce qu’il m’a donné... une idée. Une très bonne idée en fait.

Je commençais à m’inquiéter. Si Liven se mettait à complimenter l’ennemi, on était pas sorti de l’auberge... ou du labyrinthe, surtout dans la mesure où je me souvenais pas l’avoir jamais vu qualifier une idée qu’elle n’a pas eue de "bonne". Alors "Très bonne", vous imaginez...
- J’ai peur de demander, quelle idée ?
- Il m’a fait remarquer que ma croissance avait été stoppé par ma mort prématurée et que le Fléau avait réduit à néant mes espoirs de pouvoir atteindre le haut des étagères sans tabouret. Ce genre de remarques se termine généralement par la mort brutale de mon interlocuteur, mais il a ajouté qu’il connaissait un moyen d’y remédier. Et je dois dire que je n’y avais pas pensé mais que cela prend tout son sens... il m’a parlé du pouvoir de ton petit copain, Sloth !
- Hein ? Mais son pouvoir est de rattacher les âmes mortes à leur corps d’origine. Tu es déjà rattachée, c’est le principe même du Fléau et des morts-vivants !
- Certes, mais je te signale que l’on a découvert depuis belle lurette que son but est de faire renaitre son elfette de soeur et...
- Hey minute, comment tu sais cela toi ?
- Peuh, ma pauvre, ton passé est désormais un livre ouvert pour tout le monde. Les plans de Sloth aussi. Tu parles d’un génie du mal... bon peu importe, ce que je voulais dire c’est qu’il a besoin d’un corps pour cela, or l’original est à mon avis dans un sale état et son espoir de retrouvaille ne sera pas réalisé avec un vieux tas d’os. Je pense donc qu’il peut mettre l’âme dans un autre corps, ce que je me contenterai, ou bien mieux, faire renaître le corps !

Je réalisai à ce moment que Liven était en train de parler d’une chose qui, en temps normal, m’aurait fait mourir de rire. Liven voulait redevenir vivante pour... grandir. Ah, au fait, c’était un temps normal.
- BWAHAHAHAHAHAHAHAH ! C’est trop mignon Liven ! Alors comme ca tu veux rejoindre à nouveau les vivants !
- La ferme ! C’est juste le temps de régler cette sale affaire de puberté et tu peux être sur qu’ensuite je me referai sauter le caisson pour redevenir une réprouvée. Cela a marché une fois, pourquoi pas deux.
- C’est... c’est un objectif particulièrement stupide mais je suppose que Greed a raison, Sloth devrait pouvoir t’aider.
- C’est pour cela que j’ai besoin que nous allions lui botter l’arrière-train jusqu’à ce qu’il exhause nos quatre volontés. Nos plans convergent donc pour le moment. Encore. Cela devient énervant. Ne parle de cela à personne. Continuons.

Après cette conversation quelque peu étrange qui s’était déroulée je vous le rappelle en train de sauter de dalles en dalles malgré la gêne de nos robes, un silence s’installa pendant plusieurs minutes. Je réalisai que je n’avais pas grand chose à dire à Liven, dans la mesure où tout ce que je pouvais raconter avait tendance à l’énerver encore plus. Pan et Mirna étant désinvoqués et mes propres démons étant "à l’intérieur", je n’avais plus personne pour parler. Vous ai-je déjà dit que je n’aime pas les silences ?
- Bon... Liven... je voulais dire... en fait que... hmm...
- Quoi !
- C’est à dire... je voulais... heu... Oh ! Voilà quelqu’un ! Merci moi !
- Peuh, c’est qu’un chevalier de la mort coincée dans le Labyrinthe, Greed l’utilise souvent pour punir ses serviteurs. Tuons le.

Mais "le" chevalier était en fait "la" chevalière, et les boucles rousses qui s’échappait du casque me donnèrent un renseignement sur l’identité de la débile en armure qui gisait sur le sol, complètement épuisée.
- Chantée... ne me dis pas que tu as sautée toutes ces marches avec ton armure !
- Ben... j’avais pas trop le choix ! J’ai envoyé une goule sur une dalle blanche pour voir... oh bon sang, c’était horrible !
- Tu aurais pu enlever ton armure...
- On peut ?
- C’est qui celle-là ? Demanda Liven. La soeur de Gabu ?

Après s’être souvenu qu’il s’agissait en réalité de Glutonny, Liven décida de reprendre la marche, ou le saut pour être précis, juste pour tomber nez-a-nez avec Xzan. Egalement en grande armure.
- Ils vous vident le cerveau à l’école des chevaliers ou quoi ?
- Je suis arrivée là... je n’ai pas bougée, expliqua Xzan. Ce piège de Greed semble être une trappe dimensionnelle, cela ne sert à rien de se déplacer dedans, elle est très certainement infinie, ou en boucle.
- La théorie est juste, mais le plan est de retrouver Bizrot ! Répondis-je. Avec lui je devrais être capable de nous sortir de là.

Xzan me lança un regard peu convaincu mais qui semblait vouloir dire "Bah, avec elle on sait jamais...". Elle accepta de se lever et détacha les pièces de son armure une par une. Chantée ne tarda pas à l’imiter.

- Cela ne crains pas de laisser votre armure ici ? Je veux dire, c’est plutôt quelque chose de précieux pour un chevalier, non ? Demandai-je.
- Encore une fois "ici" n’est pas réellement un endroit. De toute façon, je travaillais sur une nouvelle armure avant que tout ceci ne se déclenche, je devrais pouvoir la récupérer dans mes quartiers. Quand à Chantée, son armure ne vaut rien de toute façon.
- Eh, c’est pas facile de dupliquer indéfiniment une armure de qualité ! C’est ca où je me clone entièrement nue ! Cela serait stupide en pleine bataille... avec tous ces guerriers qui me regarderaient... et seraient distrait... humm peut-être que ce n’est pas si idiot en fait.

Seulement vêtues de leur livrée de chevalier (même eux ne portent pas l’armure à-même la peau) composé d’une seule grand pièce de tissu noir et doré, Xzan et Chantée purent enfin nous suivre dans le dédale piégé, qui d’ailleurs se termina bien vite.

A la place, le Labyrinthe devint tel un aquarium géant, sauf que l’eau nous entourait entièrement, remplis de bancs de poissons nous accordant à peine un regard. plutôt qu’un aquarium c’était plutôt nous qui étions dans un terrarium assiégé par une immense masse d’eau. Le tout me rendait plutôt mal à l’aise, surtout parce que cela me faisait penser au tramway d’Ironforge qui passait sous la mer.

- Quel est le piège ici, Liven ? Les murs ne vont pas céder ? Si ?
- Aucune idée, je ne suis jamais tombée sur le piège. Je suppose qu’il faut juste se contenter de ne pas énerver les poissons.

La mort-vivante devait avoir raison, cette dorade m’avait lancé un drôle de regard. Ignorons-là. Continuant mon chemin avec les trois filles les plus différentes qu’il soit possible d’imaginer, je songeai qu’il était peu probable de trouver Bizrot dans un endroit pareil. Le diablotin avait toujours détesté les poissons, surement parce qu’il avait du finir à l’intérieur de quelques uns d’entre eux de temps en temps. Croyez le ou non mais il ne sait pas nager, et il parait que les requins confondent souvent les diablotins avec des tortues sans carapaces... non pas que ce soit une chose courante pour un requin, mais quand on vous propose à manger sans même à devoir enlever l’emballage, cela ne se refuse pas. Enfin bref, Bizrot avait une trouille bleue de la poiscaille, il ne serait donc pas resté ici de toute manière.

- Tu n’as pas un moyen de le faire venir ? demanda Chantée. Une sorte d’appeau à diablotin ?
- Ce n’est pas comme un canard... mais c’est vrai qu’en temps normal un démoniste doit juste invoquer son démon, expliqua Xzan. Enfin je pensais qu’avec les nouveaux pouvoirs de Synapse, elle en serait capable.
- Non, toujours pas ! Soupirai-je. Je n’ai appris qu’à les sacrifier et les... désacrifier. C’est un peu une invocation en fin compte mais cela ne marche pas à distance.
- Ca doit être vraiment difficile de contrôler autant de démons ! S’étonna Chantée, avant de réaliser l’ironie de la chose.

Avoir mes démons en laisse aurait été en effet une bonne chose, mais le rituel n’avait fait que me rapprocher de mes démons, littéralement, et la relation habituelle démon-démoniste était bien loin. Les dieux trolls avaient invoqués une impossibilité cosmique en rapport avec mes pouvoirs particuliers, perturbant le flux des dimensions et m’empêchant de faire voyager leur corps astral à travers le Néant... mouai, à mon avis c’est juste qu’ils ne sont pas d’accord. Je l’avais bien invoqué la première fois, Bizrot !

- Foutu diablotin... marmonnais-je. Pas étonnant que tu n’en utilises jamais Liven.
- La ferme !
- Oh ca va, inutile d’être vulgaire !
- Non vraiment, la ferme ! Ne bougez plus ! Derrière Synapse il y a... le piège !

Le "piège" était un aimable serpent de mer, d’une taille devant avoisiner celle d’une rue principale de Stormwind. Pas difficile d’imaginer des trucs énormes quand on est dans un monde interne apparemment. La bestiole s’était lentement enroulée autour du tube où nous nous trouvions et ses yeux globuleux et de la taille de Liven, nous fixaient avec insistance et une excitation non-dissimulée. Apparemment, on peut être imaginaire et avoir faim.

Si la créature était en soi un problème, c’était surtout la perspective de la voir briser le tube et nous noyer qui m’inquiétait. Liven semblait ne pas avoir d’idées pour s’en sortir et les deux chevalières, sans leur armure, ne pouvaient pas faire grand chose de toute manière. Encore une affaire pour tata Synapse.
- Approchez vous de moi, vite ! ordonnai-je.

Mes pensées s’arrêtèrent brièvement sur Cattnia qui, toujours à l’intérieur possédait une vision un peu plus détachée, et je décidai de déclencher ses pouvoirs. Alors que les trois autres filles fonçaient vers moi sans trop savoir pourquoi, une paire d’ailes de grande envergure apparue dans mon dos puis enveloppa tout le monde autour de moi. L’instant d’après, nous avions disparues.

Surpris de voir sa proie ainsi s’envoler, le serpent de mer cligna plusieurs fois des yeux, pensant à une erreur de sa part. Secouant la tête, il dut finir par admettre qu’il n’y avait effectivement rien devant ses yeux, là où se trouvait auparavant trois et demi repas parfaitement comestible. Une cruelle déception. Poussant une sorte de soupir aquatique, le serpent décida d’aller voir ailleurs et s’éloigna rapidement du tube.
Quelques instants plus tard, au même endroit, les ailes de Cattnia réapparurent, se replièrent puis disparurent pour de bon. Liven était sous le choc.
- Un sort d’invisibilité ! De groupe ! Avec des ailes !
- Oui, je ne fais qu’utiliser le sort de Cattnia et je matérialise son corps le plus loin possible pour toucher le maximum de monde. Enfin cela fait toujours trois ou quatre personnes grand max.
- On dit merci qui ? Fit Cattnia qui venait d’apparaître.
- Ces pouvoirs sont décidément de plus en plus pratiques, remarqua Xzan. Je n’imaginais pas que cela soit possible.
- Mes pouvoirs n’ont aucune limite ! Mouhahahahah ! Je suis un vrai génie.
- Et ton diablotin ? Il est où, génie ? demanda Liven.

Je répondais en tirant la langue puis repris la route, plutôt pressée de sortir de ce milieu subaquatique. Le tube ne semblait pas vouloir en finir et le serpent de mer n’était peut-être pas la seule bestiole dans les environs, de plus le tube n’était bien sur pas d’une seule voie, de nombreux cul-de-sac nous obligeaient fréquemment à rebrousser chemin. Certes les parois étaient transparentes, mais l’eau était trop trouble pour que l’on puisse voir la sortie au loin, nous devions donc nous diriger en aveugle.

- Pffff, je sais qui il nous faudrait maintenant, pour retrouver Bizrot et sortir de ce trou ! Fis-je par dépit après un énième cul-de-sac.
- Hmm ? Kaolie ? Pour qu’elle nous téléporte chez Onyxia ? demanda Xzan qui fit étrangement preuve d’humour à l’évocation de ce souvenir étrange.
- Non, non, je parle de Gurdan bien sur !
- Gurdan ? Quel rapport ? fit Liven.
- Hey ! Vous avez déjà oublier le pouvoir de Gurdan ! Ce n’est pas parce qu’il joue de la musique bizarre maintenant qu’il a perdu sa principale caractéristique !

Toutes les autres, même Cattnia, me regardèrent sans comprendre. Quelle mémoire de murlock rouge !
- Ok pour Chantée qui ne le connait pas, mais vous autres vous n’êtes vraiment pas douée ! Gurdan se trompe toujours. Toujours ! Il suffit de lui demander quelle direction prendre... et de prendre l’inverse ! On pourrait trouver Bizrot en moins de deux comme cela... *soupir*
- C’est débile... fit Liven. De toute façon, ce n’est pas comme si Gurdan allait apparaître ici comme par enchantement !
- Oh ! Bonjour Synapse ! fit Gurdan.
- De toute façon, ce n’est pas comme si cent mille pièces d’or allait apparaître ici comme par enchantement ! continua Liven.

Comble des coïncidences, mais soyons honnête j’y étais plutôt habituée, Gurdan se trouvait effectivement devant moi, sa tête d’ahuri semblant ravie de me revoir. Toutefois son visage devint subitement sérieux en remarquant Xzan derrière moi et se transforma en un rictus d’effroi en voyant Chantée.
- Xzan ! Gluttony ! A terre !
- Quoi ?

Avant que les chevalières ne puissent comprendre, le satyre se jeta sur elles et les plaquèrent au sol, d’une manière qui me fit me demander si Gurdan n’avait pas renoué avec les traditions de son espèce. Le son d’une lame déchirant l’air me fit comprendre que non.

Rasant de près les cornes du satyre, un fleuret manqua l’endroit précis où se trouvait une demi-seconde plus tôt le visage de Xzan. Ne rencontrant pas la résistance attendue, la pointe de l’épée alla se figer dans une paroi du tube. Après un silence général de quelques secondes, Gurdan et la fille qui se trouvait à l’autre bout de l’arme en question, poussèrent le même cri :
- Mais bon sang qu’est ce que tu fais !
- Que... crus-je bon d’intervenir.
- Armony ! Je t’ai déjà dit d’attendre avant d’attaquer les gens !
- Mais c’est notre ennemi ! Et puis tout tes conseils sont... Oh. Oups.

Le "oups" était dut au sinistre bruit de craquement qui se faisait entendre le long de la paroi frappée par l’épée. De manière symétrique à l’écarquillement des yeux d’Armony, la fêlure ne tarda pas à s’agrandir et à se transformer en véritable fissure, puis en un énorme torrent d’eau qui déferla sur nous. Et je me suis évanouie. Je commence vraiment a aimer cette aventure.

***

De l’eau, de l’eau partout... je ne parle pas du labyrinthe mais de l’état de Malykriss après deux jours de traques de l’effroyable gnome nommé Mo. Si la rage de Greed n’avait pas descendue d’un iota et que le voleur restait tout aussi insaisissable que depuis la première heure, c’est la patience des autres habitants de la Citadelle qui commençait à céder sous le poids des inondations.
- Greed, écoutes moi bien, menaça Lust. Nous t’avons laissé gérer la situation avec Synapse parce que tu as été le seul à rester neutre dans cette affaire et que nous n’avons pas envie d’avoir des emmerdes avec Sloth qui, Arthas soit loué, n’est toujours pas revenu. Mais si tu n’arrives pas à attrapper un ridicule gnome dans ta propre forteresse, il serait temps que tu laisses faire les professionnels. Je parle de moi et Wrath.
- Quoi ! Vous pensez faire mieux ? Ah mais pas de problèmes ! Allez-y, je vous en prie ! Choppez moi ce gnome et faites lui subir ce que l’industrie de la chanson naine à fait subir au monde de la musique... oubliez cette dernière phrase, j’essaye toujours de lire l’esprit de Synapse sans grand succès.
- Mais c’est justement elle la solution ! Il me semble clair que ce gnome est un expert dans les arts ancestrales de... se planquer, nous ne pouvons donc pas espérer le retrouver en cherchant nous-même... mais c’est aussi un compagnon de Synapse ! Aucun gnome ne l’admettra mais quand l’un d’eux à pour amie une humaine avec tout ce qu’il faut là ou il faut, il y tient et refusera de perdre un morceau pareil ! Tout ce que nous avons à faire, c’est sortir Synapse de ta pathétique prison et de l’utiliser comme appât !
- Pas question ! Synapse est à moi maintenant, jamais elle ne sortira.
- Oh mais c’est n’importe quoi ! Tu sais très bien que dès que Sloth arrivera ici, il te sermonnera comme un professeur gobelin engueule un élève qui aurait oublié deux pièces de cuivre au fond du porte-monnaie d’un épicier gnome. Tu seras bien obligé de la relâcher.
- Ok, premièrement, tes références sont de plus en plus étranges... deuxièmement, cela n’a rien à voir, Sloth sera surement d’accord pour négocier le rachat de Synapse. Troisièmement, il n’est pas question que je la fasse sortir pour un truc aussi minable alors que je lui ai promis un enfer éternel dans le labyrinthe. Quatrièmement... il n’y a pas de quatrièmement.

Occupé à conserver le peu de dignité qu’il possédait encore, cerné par les flots que ses meutes de chevaliers et de goules peinait à écoper pour éviter à Malykriss de sombrer pour de bon, Greed remarqua toutefois que Lust avait plutôt raison, quelque chose devait être fait.
- Il y a peut-être une solution. Il suffirait de t’envoyer toi et Wrath dans le Labyrinthe...
- Hein ? En quoi ca aiderait quoi que ce soit ?
- Vous ne me casseriez plus les pieds. Cela me serait déjà d’une grande aide.
- Tssss... idiot, tu penses vraiment que je vais...
- Hey ! Tu te souviens du repas au mess des officiers la semaine dernière quand j’ai réussi à vous avoir, à toi et à Wrath, du rab de poulet frit alors qu’il fallait nourrir le clone de Gluttony ?
- Heu... oui, pourquoi tu... ? Rhaaa ordure !
- Bye bye.

***

C’est en vérifiant les cages à homards qu’elle avait installée quelques jours plus tôt que Siona, avec un air aussi égal que d’habitude, me trouva à moitié noyée sur le bord de la plage, enfouie sous le sable frappé par la marée et avec une quantité non-négligeable d’algues enroulées dans les cheveux. Songeant un moment à me rejeter à la mer, la paladine décida finalement de me trainer hors de l’eau.

Constatant que je ne respirais plus, elle pensa qu’il aurait été de bon ton de me faire du bouche-à-bouche mais, considérant que le risque qu’un passant puisse se rincer l’oeil était trop grand, décida de plutôt faire appel à ses pouvoirs de guérison que l’on enseignait dans les écoles de paladin autres que celle de Gabu. Le résultat fut de me faire vomir de l’eau durant les dix minutes qui suivirent.
- Réveillez-vous mademoiselle Rouge, réveillez-vous... je n’insinue pas que vous vous êtes reposée sur vos lauriers, vous méritez bien un peu de répit et tout vos efforts jusque là auraient... Oh mais de qui je me moque ? Debout Synapse ! Il est temps de bosser !
- Hein... heu, quoi ? Siona ? Mais où suis-je ?

Toujours allongée sur le sable, mon regard était braqué sur l’étrange chose bleu qui nous surplombait... le ciel ? Et autour la mer ?
- Nous ne sommes plus dans le Labyrinthe ?
- Si, répondit Siona. Tu es dans le labyrinthe des îles, je suppose que tu viens du labyrinthe sous-marin, c’est le seul moyen d’arriver ici sans passer par l’île principale.
- Uh ? Mais c’est quoi cet endroit de fou ?
- Un grand paquet d’îles au milieu d’un océan remplis de sales bestioles. Le passage vers une autre partie du Labyrinthe ne se trouve que sur une seule de ces îles et chacune est un labyrinthe de jungles infestés de créatures dangereuses.
- Charmant...
- Oui mais c’est aussi une des seules sources de nourriture du Labyrinthe, c’est pourquoi la plupart des vétérans sont ici.

Je détaillais Siona du regard, elle avait effectivement l’air de quelqu’un ayant survécu en ermite sur une île déserte pendant des mois. Je songeais à lui demander où étaient les vétérans en question mais me souvenant de la personnalité de Siona, c’était pour le moins une question inutile. Elle s’était mise à l’écart pour ne plus avoir à les supporter.
- Tu étais avec qui ? Demanda Siona en allumant un feu pour le poisson qu’elle avait ramassé en même temps que moi.
- Dezha, Xzan... étrangement Gluttony, ainsi que deux nouveaux, un gnome et une naine. J’ai aussi croisé Liven en arrivant ici. Puis on est tombé sur Gurdan et tout d’un coup, tout a explosé.
- Liven était avec toi ? Tant mieux, les autres ont pu s’en sortir sans se noyer alors.
- Hein ? Pourquoi cela ?
- C’est une démoniste, elle peut utiliser le sort de Respiration Démoniaque pour survivre sous l’eau. Toi aussi au fait...

Humm, je l’oublie toujours celui là. Il faut dire que c’est tellement rare de voir un sort de démoniste qui consiste à aider les autres...
- Etrange compagnie en tous cas. Tu parlais de Xzan ? J’ai entendu qu’elle vous avait trahie...
- Humm oui et non. Elle te ressemble de plus en plus en tous cas, en encore moins causante.
- Je ne parle que lorsque que c’est nécessaire, et aujourd’hui cela l’est. Je suppose que tu sais comment sortir d’ici ?
- Ouaip ! Je dois d’abord retrouver Bizrot, après cela tout sera plus facile.

Siona n’avait jamais été convaincue par mes capacités et encore moins par mes plans, toujours est-il qu’après 6 mois passé à l’intérieur du Labyrinthe sans jamais avoir eue la moindre occasion de s’enfuir, elle était prêtre à croire en n’importe quoi.
- Admettons, mais après ? Greed n’est qu’une nuisance pas une fin en soi. Si tu te mets à suivre Xzan, je commence à me demander dans quel camp tu es.
- Le mien, bien sur ! Cela n’a jamais changé. Enfin si tu veux parler de lui...
- Sloth.
- Oui. Sloth. Eh bien tout le monde me pose la question en ce moment. Pour tout te dire cela commence à me courir sur le système, finalement je pense que le plus simple reste de démolir Sloth et de me poser des questions après.

J’ai beau tenter toujours de nouvelles approches, la méthode Krull reste toujours la meilleure. Si c’est pas triste.
- Tu n’es donc pas amoureuse de lui ? demanda Siona, sans la moindre once d’intérêt dans la voix.
- Non ! Pas du tout ! Sloth m’intéressait car c’est quelqu’un qui me connait déjà, sait se débrouiller tout seul et aurait régler la question de la compagnie pour la déesse que je suis... mais si il commence à me poser autant de problèmes, j’ai d’autres ambitions que de courir derrière un type comme lui.
- Bien. C’est ce que je pensais. Si tout cela est aussi clair dans ta tête alors je n’ai plus de problèmes avec cette histoire, nous pouvons avancer. Il est temps de quitter cet endroit atroce.
- Super ! Moi aussi j’ai envie de partir d’ici.
- Oh, et Synapse... toi aussi un jour tu trouveras quelqu’un comme Othon.

Je n’eue pas le cœur de lui dire qu’Othon devait être l’antithèse exacte, la nanitude en moins, de ce qu’était pour moi le mari idéal, mais de toute manière sa relation avec Siona m’avait toujours échappé. Siona pensait peut-être que cette affaire m’avait affecté au niveau de mes sentiments amoureux, grossière erreur car Sloth ne me perturbait qu’à cause de ses liens avec mon passé. Quand à me trouver un compagnon, n’en déplaise à ma mère, j’ai encore tout mon temps.
- Et puis c’est pas tes oignons... marmonnai-je pour finir ma pensée.
- Quoi ?
- Non, rien. Quel est le plan maintenant ? Trouver l’île principale, c’est cela ?
- Oui, si nous trouvons l’Ile, on devrait rapidement tombé sur les autres.
- Les Autres ?
- Ben oui, Zek, Krull, les guerriers de la Horde... enfin les autres quoi. Tu imaginais quoi ?
- Oh, non, rien... EH ! C’est quoi cette fumée noire là-bas !
- Rien, cela arrive souvent dans le coin. Ce doit être volcanique je pense... plutôt étrange dans un endroit pareil. Inutile d’y faire attention.

Ne pas se poser de questions, ne pas se poser de questions...

Montant à bord d’un radeau dont la conception devait aisément surpasser la plupart des navires de l’Alliance, Sonia releva l’ancre, hissa les voiles, pris la barre et après avoir mis le cap vers une destination précise grâce à sa boussole improvisée, déplia sa chaise longue et ouvrit un placard réfrigérant pour y prendre une paire de coktails.
- Bon ca va, j’ai bien compris que cela fait un moment que tu es là et que tu m’en veux de pas être venue plus tôt ! Me défendis-je en acceptant le cocktail qu’elle me tendait.
- Allons, qu’est ce qui te fais dire ça...

Tandis que je notai silencieusement que les mangues et les lichies de cette île faisait un merveilleux breuvage, une légère crainte me traversa l’esprit. En effet Siona était là depuis... oulà depuis un bon moment. Mais vu le maître des lieux et son délire de "possession", il était fort possible que le bougre ait quelque peu dépassé ses prérogatives d’hôtes vis à vis de Siona qui, malgré tout, était une fort jolie femme. Surprenant mon regard en coin, Siona devina rapidement ma pensée.
- Non, Greed ne m’a rien fait, c’est gentil de demander. Apparemment il se désintéresse des choses à l’instant même où il en prend possession, tant qu’il en garde la propriété. Il est de toute façon trop tordu pour tenter quoi que ce soit.
- Hmmm... il ne sera pas facile à vaincre pourtant. C’est son monde... et il peut utiliser les pouvoirs de l’élite des Tribz, de la bande à Brexxor ainsi que de deux chevaliers... et qui sait qui d’autres encore.
- Assez peu de monde finalement, la plupart ne survivent pas longtemps dans ce monde hostile. Si nous n’avions pas trouvé cette partie du labyrinthe, nous serions morts de faim depuis longtemps. Mais tu oublies une chose, il a aussi tes pouvoirs désormais.
- Pas du tout. Même si ses pouvoirs lui permettent de copier les miens, il ne saurait pas comment s’en servir, vu qu’il ne peut pas lire dans mon esprit. Puis de toute façon, sans démons, il ne peut rien faire.
- C’est vrai que tu es inutile sans tes démons.
- Ce n’est PAS ce que j’ai voulu dire ! Enfin peu importe, il s’est moqué de moi, je vais lui faire sa fête.

Plus étonnée de me voir si motivée pour faire le boulot, Siona décida de ne pas gâcher ce bel élan et ne prononça plus un mot durant le trajet. Au final, notre embarcation arriva en vue d’une île qui me semblait la copie exacte de celle que nous avions quitté. Sans aide, cet endroit était effectivement une sorte de labyrinthe. Pire, si la plage semblait plus dégagée, quelques mètres plus loin une énorme jungle touffue laissait présager une progression difficile, des écorchures aux jambes et des robes déchirées si bien que je regardai avec envie Siona remettre son armure de paladin. Mais alors que je me résignai à devoir entrer dans cet enfer vert, une sympathique tête apparut au dessus d’un fourré, me rendant instantanément ma bonne humeur.
- Norbert !

Egalement heureux de voir une nouvelle tête, le plus intelligent tigre de tout Azeroth crut bon de sauter dans mes bras pour m’accueillir. Hélas pour lui, ses anciens jours de tigron d’une vingtaine de kilos étaient largement révolus, la brave bestiole pensant désormais au bas mot sa demi tonne. N’ayant pas eue le temps, ni la présence d’esprit, de faire appel à Tangkath ou Shathuun, je me retrouvais bien rapidement plaquée au sol par un monstre ronronnant.
- A l’aaaaaide... fis-je d’une faible voix masquée par une montagne de fourrure.
- Norbert ! Mauvais chaton ! Laisse ma nièce respirer ! Je t’ai déjà dit de ne pas sauter sur les gens comme cela !

Me relevant difficilement avec l’aide de mon oncle Kaos, celui-ci pris le temps au passage de saluer Siona et d’envoyer Norbert faire cou-couche panier. Le patriarche Rouge semblait ne pas avoir changé d’un seul grain de poussière depuis la dernière fois que je l’avais vu, à se demander si il avait bien passé les trois derniers mois à farfouiller dans la jungle. Mais plus que cela, une question me vint à l’esprit :
- Une minute, si vous êtes là mon oncle, pourquoi ne pas avoir utilisé vos incroyables pouvoirs pour sortir d’ici ? Cela devrait être possible pour quelqu’un comme vous, non ?
- Eh bien, il faut considérer que... Eh ! Cela ne serait pas une manière détournée de me dire que je suis nul ?
- Loin de moi cette idée. Où est son maître ? Fis-je en montrant le matou du doigt. D’habitude ils vivent au maximum à quelques mètres de distance. C’est assez flippant quand on y pense.
- Oh non, Norbert est fâché avec Zek en ce moment, expliqua Kaos tandis que le tigre poussa un grondement d’assentiment. Du coup c’est moi qui en ait la garde ces temps-ci.

Difficile d’imaginer comment le tigre et le chasseur pouvaient être en mauvais termes, considérant tout ce que Norbert avait du subir par le passé sans formuler la moindre protestation. En réalité, c’était plutôt Norbert qui avait la garde de Zek et le félin s’était jusqu’à présent efforcé de tenir Zek loin des problèmes. Kaos me donna toutefois la raison :
- A notre arrivée dans le Labyrinthe, nous ne savions pas où trouver de la nourriture, et cela pendant plusieurs semaines. Du coup, pour éviter de mourir de faim, Zek a proposé de taper dans sa réserve d’animaux dressés qu’il gardait dans son grimoire de chasseur... désormais Norbert est le dernier familier comestible de grande taille que possède Zek. Enfin à part Poupoune, mais elle s’est encore enfuit. Le fait d’avoir été épargné n’a pas réellement suffit à convaincre Norbert du bien fondé de la chose.
- Grooouuuuh...
- Nous n’avions pas le choix Norbert ! Se défendit Kaos.
- Il a raison, ajoutai-je. Toi-même Norbert, tu dois prendre conscience de ta qualité de ration d’urgence pour les temps difficiles.

Devant tant d’hostilité après nos retrouvailles, le tigre décida de re-disparaître dans la jungle.
- Ah... soupira Kaos. Et dire qu’il était de bonne humeur depuis qu’il peut se balader dans la jungle tous les jours, cela lui rappelle le temps où il était sauvage.
- Il vivait à Winterspring, dans la toundra...
- Il aime faire semblant.
- On pourrait y aller maintenant ? Demanda Siona.

Kaos nous montra alors un chemin menant à travers la jungle, débouchant vers un campement qui semblait hurler son besoin évident d’architecte et de femme de ménages. Il faut dire que la population locale ne ressemblait pas exactement à l’idée de ce que l’on se fait d’une fée du logis. En effet, dans la mesure où la seule représentante féminine, Yuzzi, était partie avec Brexxor pour essayer de re-capturer Guro toujours en mode berserk, il n’y avait plus qu’un pauvre tas de mâles rétrogrades incapables de vivre par eux-mêmes de manière décente.

On pouvait y trouver, dans le désordre, un couple de paladins luttant désespérément pour empêcher leurs armures de rouiller dans une jungle humide à souhait, un chevalier troll qui lui avait compris qu’il suffisait de la laisser sur des rochers à la plage mais trouvait plus amusant de ne pas le dire aux paladins, un sorcier-docteur qui passait le plus clair de son temps à parler avec les arbres et à cueillir les champignons, un voleur-barbare qui s’était isolé dans une cabane en haut du plus grand arbre et avait ravagé la moitié de la forêt à force d’entrainement et bien sur...

- Synaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaapse !

Zek.
- Oh-bon-sang-j’y-crois-pas-c’est-trop-beau-tu-m’as-tellement-manqué-comment-ca-va ?
- J’ignorai que tu étais devenue une fille depuis la dernière fois ! fit Cattnia qui venait d’arriver suite à mon envie subite de disparaître.
- Je suis content, c’est tout. Fit Zek en tentant de reprendre un peu de dignité. Ce n’était pas facile de rester bloquer aussi longtemps ici, à voir toujours les mêmes personnes.
- Ouaip, surement. Bon ce n’est pas tout cela mais j’ai un mari à voir moi. Gabu ! Aux pieds !

Tandis que le paladin était partagé entre joie et terreur de revoir sa femme adorée, que cette dernière commençait à éprouver des craintes sur les relations entre son mari et un dénommé Kitten au genre peu identifiable et que Zek se mettait à craindre de ne plus jamais pouvoir se débarrasser de son large sourire qu’il l’avait pris depuis que j’avais posé un pied sur cet île, j’étais pour ma part assez rassurée de voir que tout le monde allait bien. Non pas que cela m’ait réellement préoccupé, mais bon au moins on arrêtera de me jeter la pierre pour n’avoir rien fait durant les derniers mois.

Il était temps de remuer un peu tout ce petit monde.
- Bien ! Les gars, cette fois c’est pour de bon. Je ne resterai pas une minute de plus que nécessaire dans cet endroit miteux à cause d’un foutu elfe à l’imagination trop fertile, non pas toi Zek je parle de Greed. Je sais que cela fait plusieurs mois que vous êtes ici et moi deux jours, mais soyez-en sur, ce n’est pas un minable chevalier qui va me retenir.
- Mais trois, peut-être que oui, fit l’éternelle voix derrière moi.

C’était Yuzzi, suivit de Brexxor, qui revenait complètement essoufflée de leur expédition pour retrouver Guro. Hélas, avant qu’ils ne puissent maitriser le tauren devenu fou par le choix de couleur du décorateur, ils étaient tombés sur un dangereux couple, Lust et Wrath. La chevalière-succube à la démarche indécente et la boule de nerf draenaï. La retraite s’était imposé face à ces deux ennemis puissants.
- Parfait ! m’exclamai-je. Ils doivent avoir été envoyé par Greed pour m’empêcher de trouver Bizrot, on peut donc supposer que Bizrot n’est pas loin de leur propre position. Où étaient-ils ?
- Le labyrinthe rouge, répondit la trollesse.
- ... évidemment. Bon voici le plan, il nous faut deux équipes. Une force principale qui ira retenir Lust et Wrath tandis que d’autres, dont moi, contourneront la bataille pour chercher Bizrot.
- Je suis avec Synapse ! Intervint Zek en levant bien haut la main.

Le chasseur eut droit aux regards fatigués des autres personnes présentes, la constance de l’elfe sur le sujet féminin avait un coté épuisant.
- Non ! On a besoin des gros bourrins pour contrer les chevaliers. Je vais prendre Siona et Kaos avec moi, cela devrait suffire pour me protéger.
- Et Gabu, fit Cattnia. Marre de ne de pas l’avoir vu depuis des lustres.
- De plus nous avons encore quelques alliés dans la nature, Xzan, Dezha, Gluttony, Gurdan, l’autre gamine, l’autre naine... essayez de les trouver avant d’affronter directement les chevaliers. On connait Wrath et vous devriez être de taille, mais on ignore tout de Lust. Surtout, ne laissez pas Zek la combattre seul.

L’assentiment fut général, à part Zek qui ne comprenait pas en quoi combattre une succube était pour lui un obstacle infranchissable. Sa naïveté était touchante parfois. En réalité je ne m’en souciai pas trop, avec Krull et Zek dans le même camp, les chevaliers allaient très certainement passé un mauvais moment. Le vrai risque était le labyrinthe en lui-même et tout ce que Greed allait encore pouvoir inventer pour nous mettre des bâtons dans les roues.

Siona fut désignée pour ouvrir le chemin, dans la mesure où elle connaissait mieux que personne le Labyrinthe. A travers la jungle, horrible tas de verdure remplis d’insectes, nous aboutîmes sur un puits, planté dans le sol au milieu de rien et visiblement très ancien. C’était la sortie de cette partie du labyrinthe, au fond du puits se trouvait une sorte de grand gouvernail planté dans la pierre, celui qui le tournait se retrouvait téléporté dans une nouvelle partie du Labyrinthe.

Un désert, un gigantesque désert de dunes changeantes et de tempètes de poussières. L’une des sorties, la route directe vers le labyrinthe rouge, était un des oasis parmi les nombreux mirages des environs et le groupe de Krull (bien que Zek refusa l’appellation) pris ce chemin. Siona, mon oncle et Gabu m’accompagnèrent dans la direction opposé, vers de grands rochers d’où résonnaient les cris étranges de gnomes des sables. Il s’y trouvait une autre sortie, cachée dans la roche, menant vers une tout autre sorte de labyrinthe...
- Heu... on est où là ? demanda Kaos.
- Le labyrinthe de plomberie, expliqua Siona. Il faut sauter de plate-forme en plate-forme, écraser les tortues et les champignons géants et éviter tout ce qui est pointu.
- Ca devient vraiment de plus en plus stupide, fit remarquer Cattnia.
- Oooh des pièces ! Fit Gabu.

Un génocide fongique et reptilien plus tard, le labyrinthe aboutit à un grand tube vert dans lequel Siona nous fit rentrer... pour aboutir à un niveau différent du même labyrinthe. On était pas sorti de l’auberge et le temps pressait car l’autre équipe allait bientôt affronter les chevaliers et cela nous laissait juste assez de temps pour récupérer Bizrot sans que Greed n’y prête attention.

*** Equipe de Krull. Ou de Zek. Enfin l’autre équipe quoi. ***

- C’est fini avec vos histoires de nom d’équipe ! Râla Yuzzy une énième fois. Equipe de Zek ou Krull on s’en fiche !
- Mais ca insinue que Krull serait plus fort que moi ! Je refuse ! Clama Zek. Contre Wrath il a perdu une main et moi je l’ai dégommé en un tir !
- Ca être chance. Vieux troll avoir aidé.
- Ne m’impliquez pas là-dedans, fit Pilat.
- Zek, tu n’as qu’à te dire qu’on parle par ordre alphabétique, proposa Kitten.
- Si on va par là... fit Brexxor.

Ce genre de conversation continua durant tout le chemin jusqu’au labyrinthe rouge, sans pour autant aboutir à une conclusion satisfaisante pour aucune des parties. Comme l’objectif devenait de plus en plus proche, Brexxor crut bon de battre le rappel.
- Un peu de sérieux s’il vous plait, nous risquons à tout moment de tomber sur eux. Ou sur Guro. Dans tous les cas, mieux vaut être préparé.
- Depuis quand c’est Brexxor le chef ! fit Zek.
- Ca va continuer longtemps cette histoire ? Cria l’orc.
- Rrrrzzzzzzzzz...
- Apparemment non. Bon peu importe, de toute façon ils ont du bouger depuis la dernière fois, nous les avons vu il y a presque deux heures. Il n’y a aucune chance pour qu’ils soient...

Assis à même le sol, Lust et Wrath fixaient Brexxor du regard.
- ... toujours là.

Il s’avéra par la suite que Lust, passablement énervée par le fait que Greed se soit servi d’elle pour contrecarrer mes plans, avait décidé de protester en restant assis au même endroit en attendant que Greed vienne la faire sortir. Wrath quand à lui, en mode calme depuis peu, préférait profiter de l’effet apaisant des briques rouges.
- Super, on a le droit au débarquement de tous les ratés qui ont atterris chez Greed à l’exception de la seule personne qui nous intéresse, fit Lust.
- Gggggnnnnnnnnnn ! Approuva Wrath.

Wrath fut le premier à se lever, il ramassa ses lourdes masses et se prépara à pousser de nouveaux grognements mais repéra quelqu’un parmi les arrivants.
- Ah, cela fait du bien de te revoir dans les environs Dibz, fit Dibz. Je me demande où tu étais passé... dommage que tu ne puisses pas me le dire vu que c’est moi qui parle à travers toi. Ah ! Ahahah !
- Par pitié, soupira Zek. Que quelqu’un foute Wrath en rogne, qu’on récupère Dibz.

Ayant par miracle compris la tactique que j’avais développé quelques temps avant, Krull profita de la distraction produite par Dibz pour se placer devant Lust, dans une demande évidente de duel. Le but étant d’écarter la succube du combat pour que Zek puisse appliquer la même méthode que la dernière fois et se débarrasser facilement de Wrath. Un plan simple et efficace, qui marchait généralement sur les demeurés contre lesquels nous nous battions. Hélas, en dépit de son allure vulgaire et de sa poitrine trop imposante, Lust avait également un cerveau.
- Désolé mon mignon, mais les manchots ne m’intéressent pas. Je préfère les elfes bien équipés, pas vrai le chasseur ?
- Heu... heu... voui madame, répondit Zek de plus en plus hypnotisé par la tenue de la succube.

Sans plus attendre, le fouet de Lust claqua dans les airs et s’allongea jusqu’à atteindre le cou de Zek puis s’enroula autour. D’un simple mouvement de poignet, Lust ramena l’elfe jusqu’à elle et celui-ci fut partagé entre la surprise de se voir ainsi trainé et le bonheur d’atterrir sur la poitrine, certes blindée, de Lust. Mais alors que le grotesque de la situation commençait à lasser tout le monde, à l’instant même où Zek entra en contact avec Lust, tout deux disparurent en un clin d’oeil.

Personne, pas même Wrath, ne put expliquer ce qui s’était passé. Devant le manque flagrant de logique des évènements, les gens présents décidèrent de simplement ignorer ce qu’il s’était passé et Krull résuma la chose ainsi :
- Un de moins.

Notons qu’il était douteux de savoir si Krull parlait d’un chevalier de moins, ou d’un gêneur de moins. Toujours est-il que, imperturbable, il alla se placer devant Wrath en attente d’un nouveau combat.
- Il semblerait que je sois en mauvaise posture, fit Dibz. Avec tant d’ennemis je suppose que le combat est inévitable.
- C’est vraiment Wrath qui parle là ? Demanda Yuzzy.
- Oh il est très poli quand il est calme, expliqua Pilat. Mais ca ne dure pas.
- C’est quoi ce bruit ? demanda Kitten.

L’elfe de sang avait repéré un grondement, qui se transforma en tremblement, puis en véritable boucan lorsque, sorti de nul part, Guro défonça le mur de briques rouges pour débarquer en plein milieu du futur champ de bataille. Le Tauren, détestant la couleur rouge, était devenu complètement fou de rage dans un tel environnement. Les muscles tendus à l’extrême, il semblait faire trois fois sa taille habituelle, chose qu’ironiquement il partageait avec Wrath quand il se mettait en colère. Bien qu’à ce stade Guro était absolument incapable de discerner ses ennemis de ses alliés, tout individu n’étant qu’un bout de viande trop rouge à ses yeux, il eut la présence d’esprit de se jeter contre Wrath dans une indescriptible mêlée.
- Ah ! Enfin libre, fit Dibz. Oh... c’est lui Guro ?

Wrath s’était lui-même transformé, ses traits déformés par la rage du combat. Tauren et Draenaï semblait faire jeu égal, avec un léger avec avantage pour Guro qui balançait le chevalier de mur en mur, mais sans que cela lui fasse quoi que ce soit. Perçant à travers le labyrinthe, le couple de combattants fut rapidement hors de vue, ne laissant qu’un nuage de gravats et de poussière rouge.
- Problème résolu, fit Yuzzy en haussant les épaules.
- Non, fit Brexxor. Nous devons récupérer Guro. Il est peut-être fort dans cet état, mais il n’est pas immortel comme Wrath. Ce draenaï aura tôt fait de le saigner à mort si le combat s’éternise.
- Quoi ? s’étonna Dibz. Vous voulez vous interposer entre ces deux monstres ? Pas question ! Il faudrait être cinglé pour...

Poussant un puissant cri de guerre nordique, Krull chargea en avant le long de la tranchée creusée par les deux êtres en colère, pour finir par un magnifique plongeon de tacle digne des plus grands joueurs de Gnomeball. Plaquant Guro au sol, Krull réalisa trop tard qu’il avait mis trop de force dans son geste et passa à travers le plancher en compagnie de Guro. La chute fut très longue car bientôt Wrath et les autres qui accoururent derrière lui ne purent les apercevoir.

Et tandis que Zek se réveillait douloureusement en compagnie d’une succube au sourire sadique, que Krull se rendait compte qu’il avait atterri avec son compagnon érythrophobe en plein milieu d’un labyrinthe que Greed avait nommé le "dédale de sang" et que Wrath tournait son regard enragé vers Brexxor et les autres membres de la Horde, ces trois combats n’étaient qu’un prélude à un affrontement d’une toute autre importance. Greed était apparut à nouveau devant moi.
- Vous ne pensiez pas pouvoir sortir d’ici tout de même ? Fit Greed.
- Je suppose que Mo a fini par se rendre ? Demandai-je.
- On s’en occupe pour moi. Maintenant sachez que je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour vous empêcher de faire un mètre de plus vers ce fichu diablotin.
- Je pensais que vous ne pouviez intervenir, fit Kaos. Vous êtes immatériel dans ce monde.
- Oh oui, c’est exact. Mais j’ai battit ce monde... et je peux continuer à le faire.

Tandis qu’il parlait, le labyrinthe autour de nous commença à se distordre... et à changer. Voilà pourquoi je n’aime pas me balader dans la tête des autres.

*** Malykriss ***

- Et donc, comme je disais, ma présence ici est le fruit d’un hasard abrutissant ne laissant aucun doute sur le fait que je sois parfaitement innocent et que la seule chose censé à faire est de me laisser partir !
- Silence, gnome !

Pride tenait d’un seul bras le voleur gnome, son gant de fer resserré autour de la gorge de Mo. Après un gigantesque jeu de cache-cache, le chevalier qui avait été également dérangé par les inondations, avait finalement mis la main sur le gnome tandis que celui-ci tentait de se faire la malle en volant l’un des griffons squelettes de la zone d’envol. Pride l’avait vu venir.
- Je vous déteste, vous tous, les voleurs. Incapable d’affronter quelqu’un avec honneur, incapable de faire face, vous êtes tout ce qui est méprisable parmi les aventuriers.
- Techniquement, voler des morts est un acte de pillage, pas de larcin. Urgh ?...
- Silence j’ai dis ! Tu vas subir mille souffrances avant de... Eh c’est quoi ce truc ?

Lâchant subitement Mo, celui-ci s’écrasa au sol du fait de la différence de taille et se releva en crachant ses poumons. Son souffle repris, il regarda ce que Pride fixait depuis un moment. A l’autre bout de la zone d’envol, un sinistre carrosse trainé par des gargouilles venait d’atterrir sur le pont de Malykriss. Certes la marque du Roi-liche y était inscrite clairement, mais Pride n’avait jamais vu un tel attelage, aussi fut-il particulièrement méfiant.

S’ouvrant lentement, le carrosse déroula de manière grotesque un tapis rouge qui s’arrêta juste devant les pieds de Pride. En sorti alors un chevalier, un réprouvé, arborant un large sourire derrière son casque partiel et son visage décomposé. Balançant de droite à gauche dans une démarche ridicule et provocante, le chevalier s’avança vers Pride comme s’il dansait sur une musique inaudible. Quand il ne fut plus qu’à quelques centimètres du visage impassible de Pride, le chevalier commença à parler :
- Bonjouuuur. Vous devez être Pride ? C’est un honneur de vous rencontrer, hé hé hé.
- T’es qui ? répondit Pride.
- Oh quelle tristesse qu’un chevalier de votre rang puisse ignorer qui je suis, hi hi hi. Mais c’est logique en fait, car je fais parti des trois autres.
- Les Trois Autres ?
- Ahaha non ce n’est pas un titre, c’est juste une indication. Je suis un Doigt, comme vous, mais je suis un des trois derniers. Le numéro 8 pour être précis. 9 et 10 ne devraient pas tarder.
- Les Doigts sont sept, j’ignore qui tu es gamin mais je suis a peu près sur que tu vas regretter tes paroles dans quelques minutes.
- Ha Ha Ha ! Mais voyons, avec un brin de jugeote n’importe qui aurait deviner qu’il faut 10 doigts à un individu... et tant mieux si trois d’entre eux sont caché... pour punir les sept autres quand ils ont échoués.

Pride, qui commençait à comprendre à qui il avait à faire, devenait parallèlement de plus en plus furieux. Gonflant la poitrine, il éructa :
- Je n’ai PAS échoué !
- C’est tout comme. Le Roi-Liche nous a envoyé vous punir. Et sachez que dans notre jargon, punir signifie éliminer. Oh et n’allez pas croire qu’il nous a donné l’un de vos minables petits pouvoirs comme à vous autres les sept. Les trois sont bien plus puissants. Au fait, mon nom est Préjudice. Mes collèges Pain et Regret sont en chemin pour éliminer les autres chevaliers. Désolé les gars, mais c’est fini pour vous.
- Le Roi-Liche se rendra compte de son erreur lorsque je lui apporterai vos cadavres.
- AH ! Amusant. Mais très peu probable. Pouvons nous commencer ?

Kenryl@Vol’Jin : "Et voilà, c’est tout pour le chapitre 55. Espérons que Synapse reviendra pour nous raconter la suite et, si ce n’est pas le cas, merci à elle pour tous ces moments de rire qu’elle nous a offert :)"

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