CHAPITRE 42 : Sloth

 


Première épreuve : Choper le clébard.

Malgré les apparences, Raz-du-néant était une région très vaste. Les multiples îlots dévastés alternant falaises abruptes, plaines couvertes d’un sable violet ou encore champ de cristaux de la même couleur, le paysage toujours changeant offrait un formidable terrain de jeu pour qui s’amusait à semer des poursuivants.

Et c’est précisément pourquoi Zaz adorait cet endroit. Durant la première heure, les candidats au poste de soigneur dans l’équipe des Tribz durent s’accrocher et cracher leurs poumons à suivre le train d’enfer mené par le chien démoniaque. Déjà, deux concurrents un peu enrobés, un gnome et un humain, avaient abandonné, ne pouvant pas faire un pas de plus.

Toutefois le peloton tenait bon, et en tête se trouvait Zek ainsi que Krull, presque sur la même ligne et se disputant la première place, à quelques mètres à peine derrière Zaz.
- Ce chien est aussi rapide qu’un limon des collines ! Fanfaronnait Zek. Je pourrais le suivre pendant des jours sans même être essoufflé !
- Krull s’ennuyer, lui pouvoir accélérer bien plus.
- C’est ça ! Et moi je...
- Hihihi ! Vous allez l’air de bien vous amuser tonton Zek et tonton Krull !
- Hein ? Kaolie ? Qu’est ce que tu...

*Bzzzzh*

En un éclair, la gnomette avait disparue pour surgir du néant quelques mètres plus loin. Encore ce fichu sort de transfert... avec ça pas besoin de courir.
- Tu prends part à la course toi aussi ? Demanda Zek.
- Hihihi ! Non ! C’est pas du jeu, Kaolie triche ! Alors Kaolie juste aider, gentil chien-chien l’avoir demandé.
- Hein... Zaz t’as... demandée ??? Mais depuis quand il parle lui ?
- Hihihi, le ouafouaf a pas parler, il a juste dessiné un plan avec une patte.
- Un plan ? Quel genre ?
- Hihihihihi !
- Hmm... je le sens mal.

Et pour cause. Au moment même ou Kaolie disparaissait une fois de plus pour se retrouver en haut de la colline que le peloton tentait d’escalader, un grondement sourd se fit entendre et la terre commença à trembler.

Perché sur un rocher à coté de Kaolie, Zaz regarda la scène avec un sourire atroce dans sa gueule de chien-démon. C’est à ce moment là que les rochers tombèrent...
- Un éboulement ! Cette foutue gamine a déclenchée un éboulement ! hurla Zek.

Des rochers de la taille d’un Kodo était en train de dévaler la pente à toute allure vers les pauvres candidats déjà bien épuisés par la course. Toutefois l’un des candidats, une draenai a l’air sévère, hurla quelques consignes et ceux qui purent l’entendre malgré le vacarme allèrent se ranger devant les deux têtes de courses.

L’idée était plutôt discutable car si, en effet, Zek et Krull ne furent pas plus inquiété que ça par l’éboulement, les autres candidats n’avaient pas forcément l’agilité de l’elfe pour esquiver les rochers ou bien la résistance nécessaire pour ne pas être assommer par les éclats de roche que produisaient Krull en démolissant les pierres qui lui tombaient dessus.

Tant bien que mal, une trentaine de candidats se relevèrent des gravats et purent continuer la course.
- IKICHCHCHCHCHCHCHHHH !
- C’est quoi ça ? demanda un candidat nain inquiet.
- Le rire de Zaz... répondit Zek. Sale bête, je vais te faire la peau.

Zek et Krull, au même moment, enjambèrent le haut de la colline et... dégringolèrent au milieu des arbres.
- J... Jungle ?? Qu’est ce qu’on fout dans une jungle ? Cria l’elfe sur les nerfs.
- Ça être Ecodôme. Nous pas avoir vu quand entrer dedans.
- Peuh, si il compte sur de la verdure pour nous semer, c’est un idiot. Je suis un chasseur professionnel moi ! Et ce genre de jungle, je connais, rien de bien méchant, c’est juste truffé de...

*ROAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAR*
- ... de dinosaures.
- Courez !! Hurlèrent les candidats.

Les ecodômes ethériens sont une merveille de technologie qui stimule la croissance des cellules végétales et fait revivre en très peu de temps une terre déserté. L’effet pervers était que les éthériens étant composé d’énergie pure, ils ne se rendirent pas tout de suite compte que l’effet de l’écodôme fonctionnait également sur les cellules animales. En moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, leurs superbes jungles avaient été remplis d’animaux géants, dont de vilains dinosaures ayant évolué depuis les petits lézards vivant à Raz-du-néant.

Évidemment, ca Zek ne le savait pas et avait jsute utilisé son expérience du cratère d’Un Goro. Les trois diablosaures qui apparurent derrière les arbres ne l’étonnèrent donc pas plus que ca... par contre les soigneurs, eux, étaient légèrement plus inquiet.
- Eux être des lâches, commenta Krull. Ca être petite bestiole de rien du tout.
- Tout à fait, on vaut nettement mieux que ces trouillards. C’est pas un diablosaure qui... hein ? Eh Krull, regarde le sol.
- Oh. Sol être vert... et gluant.

Soudain, les deux idiots se rendirent compte que le "sol" était en train de bouger et même, de s’élever. Zek regarda incrédule les arbres défilés devant lui, dépassant rapidement la cîme de ces-derniers pour finalement s’arrêter à plusieurs centaines de mêtres au dessus d’eux. Perché là-haut, Zek avait une vue plongeante sur tout l’écodome, apercevant même Foudreflèche au loin.
- Argh, c’est quoi ce truc ! On est sur la tête d’un monstre !!!
- Ca pas être intelligent de dormir la tête au niveau du sol quand aussi grand.
- J’avais jamais vu un truc aussi énorme... on dirait qu’il se rend même pas compte qu’on est là. On dirait une sorte d’hydre géante à une tête...
- Ca pas être une hydre alors.
- On s’en fou ! Comment on descend ?

Krull regarda un moment en bas, jeta un caillou qui traînait sur la tête du monstre et attendit qu’il touche le sol. Un long moment gênant passa difficilement jusqu’à ce que Krull relève la tête et annonce :
- Nous sauter.
- Ça va pas non ?! On va juste se broyer les jambes ! Même si tu survis, comment veux-tu finir la course ?
- Moi pouvoir ramper...
- Non ! Bon voila ce qu’on va faire... on va trancher la tête de l’hydre tranche par tranche, puis on s’attaque au coup jusqu’à ce qu’on arrive assez bas !
- Ca être encore plus con.

Pendant ce temps là, les autres candidats avaient réussi à semer les diablosaures, juste pour se jeter dans un nid de raptors qui les poursuivaient désormais dans les hautes herbes. Certains candidats, comme l’ogre ou les trois taurens en lice ou encore un chaman orc se débrouillaient pour dégommer les reptiles qui se mettaient en travers de leur chemin mais pour les autres, la seule chose à faire était de courir jusqu’à l’épuisement ou bien servir de repas aux bestioles. Heureusement pour la survie des candidats, Kaolie s’efforçait de chasser les raptors assez chanceux pour avoir choper un soigneur.
- Hihihi ! Vilain chien-chien, endroit très dangereux pour prêtres sans défenses. Hihi, heureusement, Kaolie est là !

*BRAAAAAAAAM*

Sans le moindre avertissement, une tête monstrueuse s’effondra sur le sol, à quelques mètres de la gnominette.
- Qu...q.. qui ?
- Idiot de voleur !! J’avais dit de planter tes couteaux pour descendre en rappel, pas de lui trancher la tête !!!
- Ça être comme du beurre, trop facile à trancher.
- On a failli crever avec tes idioties !
- ...

Kaolie leva, la tête, accrochés de justesse à une branche d’arbre, l’elfe et le voleur tentaient de se taper dessus sans tomber de l’arbre.

Quelques heures plus tard, Zek et Krull, passablement amochés, retournaient au point de départ. La première chose qu’ils virent fut... Poupoune. Poupoune avec un certain Zaz monté dessus.
- Rhaaa ! Je comprend pourquoi il était aussi rapide maintenant ! Poupoune ! Traitresse !!!
- Chien-démon être monter sur oiseau bizarre... ça pas être du jeu.
- Ah bah vous voilà ! Rala Cattnia. On peut savoir ce que vous trafiquiez ? Ça fait au moins 10 minutes qu’il est arrivé le Zaz.
- Hein ? Et les autres concurrents ?
- Oh ca, rassurez vous...

Cattnia pointa du doigt une direction lointaine, on pouvait distinguer quelques silhouettes courbées, rampant vers la ligne d’arrivée.

Épreuve numéro 1, survivants : 23.

Deuxième épreuve : Le gros de la troupe.
- Grubb gor ga zro ka.
- Hein ?? Qu’est ce qu’il a dit ? Demanda un prêtre humain.
- Il a dit qu’il va testé votre force, traduisit Bizrot.
- Notre force ? Mais enfin on est là pour soigner, pas pour taper sur les autres !

Le marcheur poussa un grondement qui retira toute envie de protester du prêtre. Conscient qu’on ne le comprenais pas, il désigna un des sacs volumineux entreposés près de la tente de Cattnia, fit semblant de le mettre sur son dos puis désigna le prêtre.
- Je... je crois qu’il veut qu’on devra porter des charges lourdes, devina-t-il.
- Super, on va servir de larbin, protesta un elfe druide.

Tangkath fit un signe vers des gobelins posté à l’autre bout du camp et ceux-ci dévoilèrent ce que la marcheur avait trafiqué pendant la petite course de Zaz grâce à l’aide de Xzan et du savoir-faire gobelin.
- Un punching-ball ? S’étonna Zek. Tu veux les entraîner à la boxe.
- Gruuuh. Bro zag. (Non non, regarde).

Sans prévenir, le marcheur ethéré flanqua un énorme coup dans le punching-ball. Aussitôt, la machine auquel il était relié se mit à faire un bruit étrange puis un bout de papier sorti avec le nombre 944 écrit dessus.
- C’est un calculateur de force ? C’est pas mal ! s’étonna Zek.
- C’est même très ingénieux, constata Shaathun qui les avait rejoint. On devrait tous essayer !
- Ouai, facile à dire pour toi, protesta Bizrot.

LISTE DES RESULTATS (et commentaires)

Tangkath : 944 (Gruuh !)

Zek : 723 (Mouai, j’aurai du donner un coup de pied)

Shaathun : 825 (Désolé messire Zek, je ne l’ai pas fait exprès !)

Gurdan : 221 (Je suis normal moi !)

Dezha : 170 (Je suis encore plus normal on dirait...)

Gabu : 52 (m’enfin !=)

Xzan : 355 (...)

Cattnia : 90 (chéri, la, c’est la honte)

Synapse : 75 (c’est quoi cette machine débile)

Kitten : 112 (han ! Mais alors cette machine n’aimerait pas les paladins ?)

Bizrot : 23 (bon...)

Kaolie : 62 (hihi)

Liven : 78 (mouhahahah ! Encore une fois je t’ai battu Synapse !) *la machine rectifie* 74 (quoi !!!)

Pan : 210 (je suis un cérébrale moi, je vous l’ai déjà dit !)

Puis vint le tour de Krull.
- Moi devoir taper machine ?
- Oui... vas-y molo, conseilla Xzan. La machine n’est pas prévue pour...

*SCRUUUUUUNCH*
- Machine avoir problème, poing être resté dedans.
- Noooooon !

La machine poussa quelques grognements pathétiques avant de s’éteindre et tomber en morceaux. Krull regarda un moment les débris, un soupçon de remords dans ses yeux alors que Xzan le fusillait du regard.
- Le problème c’est que les candidats ne sont pas passé ! Remarqua Cattnia. A la base s’était pour eux...
- Gruh borg gra zo go, gro brah ga (C’est ca de faire mumuse avec le matériel, heureusement j’ai une autre idée)
- Ah bon, quel genre ?

* OUVERTURE DU GRAND CONCOURS DE GOBAGE DE STEAK DE TALBUK *
- Heu... gobage ?
- Gru bro zag (bah oui, moi je les gobe).
- Tout le monde ne peut pas égaler tes exploits culinaires Tangkath, fit remarquer la succube.
- Zgo gra, bru go zog (vous pouvez les manger comme vous voulez, les 10 personnes avec le score le plus haut seront sélectionnés)
- Bon d’accord sur le fonctionnement... mais c’est censé tester quoi là ? La taille de notre estomac ? La résistance aux crises de foie ? protesta le prêtre humain.
- Goor ga sog Othon, bra zo (Le prêtre Othon était un champion en gobage de petits fours)
- ...

C’est ainsi que les gobelins se dépêchèrent d’installer une grande estrade pour les participants et de faire venir une armée de cuisiniers pour que les soigneurs puissent se faire exploser joyeusement l’estomac. En effet les gobelins avaient remarqué que lasélection attirait de plus en plus de curieux et que c’était bon pour les affaires, alors ils aidaient.

Les 23 candidats survivants de l’épreuve précédente s’installèrent tandis que Zek et Krull regardaient tout cela d’un air méprisant :
- Tsss, c’est quand même idiot. En quoi pouvoir engloutir trois talbuks entiers fait de soi un grand combattant ? En plus je suis végétarien.
- Moi être d’accord avec elfe, manger pas être un exploit. Moi pouvoir manger sans jamais m’arrêter, ça pas difficile.
- Oui enfin, au bout d’un moment y a un problème de place quand même.
- Pfff, ca être simple a contourner, moi juste augmenter vitesse de digestion.
- Hein ? Mais c’est impossible de contrôler ca enfin !
- Non, ca être possible. Toi juste être faible.
- QUOI ! Moi faible ?? Monte sur cette estrade, je vais te montrer !
- Toi pas végétarien ?
- J’ai jamais aimer les talbuks de toute façon.

Devant chaque concurrent un steak d’un kilo, cuit à point, était disposé dans une assiette énorme, cerné par des assistants gobelins prêt à refournir. Si des participants comme l’ogre ou les orcs avaient l’air ravie, d’autres comme les druides ou les elfes commençaient déja à tourner un peu de l’oeil.

Tangkath frappa alors de toute ses forces le gong qu’on avait installé pour lui, marquant ainsi le début de l’épreuve.

Bon... vu que j’étais présente, il m’aurait été facile de vous décrire en détail l’épreuve. Le problème c’est que la vue de plusieurs dizaines de personnes en train de s’acharner le plus vite possible sur une pauvre tranche de steak et en enfourner le maximum dans la bouche a quelque chose de... vomitif. En effet, si Tangkath n’avait pas précisé de temps limite et donc qu’il ny avait aucune raison de se presser, les concurrents semblaient avoir suivit le tempo imposé par Krull et Zek qui s’étaient lançé dans une véritable course au goinfrage.
- Mmmchtrgeffch... vvreuuf.. drechtuummpf (Même avec trois estomacs, tu ne pourrais pas me battre)
- Rrrochmffrff.. gggmrbrchh... mmrrbrachh ! (Ca être ridicule, moi toujours gagner)
- Arrêtez de parler en mangeant ! Hurla Cattnia.

Ce qui est marrant avec ce genre de concours, c’est que le formidable enthousiasme du début laisse rapidement place à la dure réalité de l’estomac plein à rabort. Dès lors, ca devient franchement pathétique, chaque concurrent commence à regarder son steak sous un autre angle, comme une montagne toujours plus haute qu’on devrait escalader en grimpant avec les dents.

Très rapidement, les visages des candidats devinrent d’un blanc livide du plus bel effet, se demandant si la prochaine bouchée n’allait pas les achever. Les abandons commencèrent, certains plus digne que d’autres, allant du simple effondrement sur la table aux effusions corporels plus que déplaisantes. Enfin au moins, ca faisait plaisir de voir des gens aussi motivés pour rejoindre mon équipe.

Les plus motivés du lot restaient Zek et Krull qui ne se lachaient pas du regard, un rictus mauvais au visage et enfournant des quantités phénoménales de bidoche. Jamais plus je ne me moquerai de l’appétit d’oiseau des elfes.

Finalement, le nombre d’abandon fut suffisant pour désigner les dix vainqueurs, dans un triste état pour la plus part, et Tangkath mis fin à l’épreuve... ce qui ne sembla rien changer pour Zek et Krull qui continuèrent de dévorer leurs steaks.
- Ca devient n’importe quoi là... soupira Cattnia.
- Maître ! C’est inutile de continuer, vous allez vous rendre malade ! fit Xzan.
- Laissez les, intervint Bizrot. Ces deux-là sont trop idiot pour renoncer.

En effet, le pire c’est qu’ils mangeaient exactement à la même vitesse, si bien que chaque bouchée d’avance avait son important, d’autant plus que lerythme avait sévèrement diminué et que même Krull, derrière son masque, commençait à tourner de l’oeil.

Se tenant le ventre, le visage couvert de sueur, Zek mettait quand à lui toute sa concentration sur la tranche de Steak dans son assiette, semblant vouloir l’hypnotiser pour la rendre plus petite.
- Je... vais... gagner !!!
- Moi... pas... d’accord !!!
- CRUNCHH MIOOMM BLARTCH CRUNCH, fit quelqu’un derrière eux.
- Hein ?

Se retournant, Zek et Krull virent avec horreur que l’un des candidats était toujours là... l’ogre bien sur.
- Hmm ca bon, gentils gobelins en avoir plus pour Zrog ? Vite vite, lui doit finir amuse-gueule et rejoindre maîtresse !
- Il a un appétit monstrueux, fit Gidi. On va tomber à court de cuisiniers.
- Hein ? A court ?

Devant cette concurrence déloyale, Zek et Krull décidèrent d’un commun accord d’abandonner et allèrent joyeusement vomir quelques mètres plus loin. L’ogre lui, resta encore un moment.

Troisième épreuve : Succubus academy
- Braaavo à tous les candidats qui ont survécu à la seconde épreuve ! encouragea Cattnia.
- Urps... merci...
- Afin de ne pas trop vous accabler vu la longue digestion qui s’annonce, nous allons faire une activité très simple et qu’on peut faire sans fatigue toute la nuit !!!
- Si elle dit danser, succube ou pas, je l’assomme, commenta Zek.
- Moi être d’accord.
- ... chanter !!! annonça la démone.
- Moi PAS être d’accord !!!

Alors que ma succube expliquait joyeusement le principe du Cara’ho’qué, pratique très en vogue chez les jeunes démones et que Krull pesait douloureusement le pour et le contre pour déterminer si l’humiliation de chanter en public l’emportait sur son refus catégorique de voir Zek triompher, moi je commençais à me lasser de tous ces jeux.
- Bon... c’est pas tout ca mais je ne tiens pas à voir un ogre ou autre en train d’écorcher les dernières balades en vogue à Stormwind. Je vais faire un tour.
- Un tour ? Demanda Bizrot. Seule ? La région est dangereuse tu sais, et Brexxor nous à interdit de te laisser seule.
- Depuis quand ce peau-verte est aux commandes ? J’ai le droit de me promener bon sang ! Tu n’as qu’a venir si tu es si inquiet.
- Je ne peux pas, je m’occupe de la sélection et...
- Je vois. Shaathun !

Le gangregarde avait l’habitude de toujours rester à mes cotés mais comme je lui avais fait comprendre qu’il en devenait particulièrement lourd, il me suivait désormais à une distance raisonnable mais accourait dès que j’appelai son nom. Il devait prendre son rôle de garde du corps très à coeur... ou alors c’était une technique pour ne pas se perdre sans arrêt.
- Oui ma douce maîtresse ?
- Je vais me promener. Prend ta hache, tu feras la sécurité.
- Bien sur maîtresse mais... je dois également préparer une épreuve pour la sélection.

En effet, le démon avait dans les bras un gros tas de feuilles en vrac et les mains couvertes d’encre... il avait du essayer d’écrire.
- Laisse moi deviner, tu veux leur faire jouer une pièce ?
- Et bien... oui.
- Ca sert à rien, les autres seront largement suffisant pour terminer la sélection. Allez on y va avant que Krull ou cet ogre ne se mettent à chanter.

En effet il était temps de partir car Cattnia et les gobelins avaient fini d’apporter le matériel et Tangkath s’était porté volontaire pour le tester avec une reprise très personnelle de "La danse des Cockatrices".

Après avoir pressée le pas pour m’éloigner le plus rapidement du campement, Shaathun à mes trousses ayant tout juste eut le temps de récupérer Silke, je finissais par m’arrêter pour contempler les manaforges qui remplissaient le paysage de Raz-du-néant.
- Par les septs étoiles d’Ignavar ! Ces manaforges sont fantastiques ! s’émerveilla le démon.
- Qui t’as dit que je voulais que tu fasses la conversation ? Répondis-je en voyant clair dans le jeu de Shaathun. Puis arrête de sortir des expressions d’ailleurs, on le sait que tu as beaucoup voyagé.
- Pardon... C’est à dire que nous n’avons pas eu vraiment d’occasion de parler depuis Nagrand, maîtresse.
- Et alors ? Mes démons doivent me servir, pas jouer les concierges naines. Je n’ai pas envie de parler, voilà tout.

Shaathun, encore peu habituer à mes humeurs, affichait un regard triste et perdu sur son visage. On aurait dit un chiot qu’on venait deréprimander... enfin un chiot avec un visage capable de faire mourir de peur n’importe qui se trouvant du mauvais coté de sa hache.

J’oubliai que le Gangregarde était nouveau parmi nous. Bizrot, lui, m’aurait répondu sans hésiter par des termes orduriers que même un patron de bar orc trouverait choquant.
- Mille excuses maîtresse, je ne suis ici que pour vous protéger, je vais tout faire pour que vous oubliez ma présence.
- Ahhh... tu es trop gentil Shaathun, n’écoutes pas ce que je dis, je suis de mauvaise humeur.
- Pourquoi donc ? Un nouveau compagnon va bientôt nous rejoindre ! N’est ce pas excitant ?
- Oh, j’en tremble de joie... Tout cela est trop long Shaathun, et trop vague. Je veux affronter Gaïa, ici et maintenant !

Le profond doute qui apparut sur le visage de Shaathun me donna une profonde envie de le frapper, mais je me retins pour ne pas m’exploser la main sur les piquants du démons.
- C’est à dire que j’ai cru comprendre que mademoiselle votre soeur est une magicienne très puissante. Pensez vous déja être à la hauteur pour...
- Ah, je le sais bien ! Ma soeur est si forte que ca en devient énervant ! Mais j’en ai assez d’attendre, puis moi aussi j’ai fais quelques progrès. Vivement que l’on détruise ces idiots d’elfes de sang et qu’on puisserégler son compte à Illidan.
- Pardon, mais les idiots d’elfes de sang n’ont aucune envie de se faire détruire, annonça une voix derrière nous.

Pourquoi faut-il que j’oublie toujours les avertissements de Bizrot ? Il m’avait pourtant dit, parmi ses innombrables baragouinements, que les manaforges, ces grandes usines fabricants de l’énergie à haute dose pour alimenter Raz-du-néant et la forteresse volante, étaient défendu elles-aussi par les elfes de Kael’thas.

Un groupe d’ingénieurs et de soldats aux oreilles pointues, cheveux blonds et dents blanches, s’étaient approcher de nous tandis que mon regard était fixé sur les longs canaux de magie qui sortaient de la manaforge. Évidemment ils étaient nombreux... et dangereux, car sous leurs apparences fragiles et délicates, les elfes de sang sont des féroces guerriers et ont perdu tout leur sens de l’humour lorsque Arthas détruisit les puits solaires, privant les hauts elfes de leur immortalité.

Rien à avoir avec les gentils elfes de la nuit comme Zek, ou les neuneu vivant toujours à Silvermoon comme Kitten.
- Oh bonjour ! Nous sommes juste de passage et nous admirions le paysage quand..., fis-je en tentant de rattraper le coup.
- Viandez moi cette démoniste, ordonna l’elfe le plus grand du groupe avec un rire mauvais. Pour une fois qu’on a le droit de taper sur des démons...

Sans plus de diplomatie, trois elfes dégainèrent leurs épées et foncèrent sur moi en hurlant ce qui devait être des jurons elfiques. Vif comme l’éclair, Shaathun dégaina Silke et para les attaques des elfes, leurs épées noircissant au contact de la hache démoniaque.

Voyant avec horreurs leurs épées elfiques se désagréger, les elfes eurent un mouvement de recul mais leur chef aboya un nouvel ordre, les traits déformés par la colère, et Shaathun disparut sous une nuée d’elfes l’assaillant, me laissant seule face au leader.

Voulant prouver que je n’étais plus la Synapse d’autrefois, je réagissait au quart de tour et incanta à toute vitesse un sort d’incinération. La langue de flamme jaillissa de mes mains et frappa directement l’elfe... hélas sans le moindre effet, car les elfes de sang étaient des spécialistes de la magie et certains parmi eux, les brise-sorts, pouvaient annuler et même renvoyer la plupart des sorts existant.

Mais l’elfe se contenta de détruire mon sort avec un haussement de sourcil méprisant... autant pour mes progrès. L’elfe me lança un objet métallique garni de lame que je ne parvint pas à identifier, trop occupée à me jeter à terre pour l’éviter. Une fois le tir esquivé, je me relevais en brandissant une épée empruntée à Zek, prête à défendre chèrement ma vie... car un violent choc à l’arrière du crâne m’arrêta net.

Une vive douleur perça à travers ma tête, me faisant pousser un hurlement étouffé. Par réflexe, ma main tenta se planqua sur la blessure... elle ruisselait de sang. J’avais enfin compris ce que l’elfe avait lancé, un chakram, une arme typiquement elfique qui avait la fâcheuse habitude de revenir vers le lanceur.

Pendant que je maudissais mon idiotie, un voile noir passa devant mes yeux et je tombai, inconsciente.

La mort... aussi facilement ? Aussi vite et sans raisons ? Non ! Une déesse comme moi ne devait pas mourir, elle ne POUVAIT pas mourir, elle ne...

Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir ! Je n’en ai pas le droit, j’ai promis, je...
- Synapse ?

La douleur revient d’un coup. Finalement je ne m’était pas évanouie ? Le combat continuait toujours ? Je sentis que j’étais sur le sol et fis un effort considérable pour ouvrir les yeux, sans succès. Toutefois, je sentais que quelqu’un était en train de s’affairer autour de moi.
- N’essayez pas de bouger, vous êtes très affaiblie. Vous pouvez ouvrir les yeux maintenant mais allez y progressivement pour vous habituer sinon la lumière va vous brûler.

La lumière ? Mais qui parlait ? Zek ? Non, cela fait longtemps qu’il ne me vouvoie plus. Pourquoi mes yeux ne seraient plus habitué, je ne les ai fermés que quelques secondes...
- Ouuuch ! Je ne vois rien, ca fait mal !
- Je vous avais prévenue.
- Mais enfin, qui...

Ma vision revient petit à petit, d’abord très trouble, les traits du visage de la personne devant moi commencèrent à apparaître. Un visage fin, presque féminin, des cheveux noirs très courts pour un elfe et deux grand yeux aux prunelles rouges qui me fixaient avec une expression neutre emprunte de curiosité. L’elfe gardant le silence, la première pensée qui me vint fut immédiatement transformée en parole :
- Bordel, c’est quoi ce type ?
- Enchanté de vous rencontrer moi aussi, répondit l’étranger avec une pointe d’amusement.

Puis quelque chose fit "tilt" dans ma tête. Elfe... elfe de sang... méchant... pas bien !
- Le combat ! Les elfes ! Vous m’avez capturée ?
- Hein ? Non, je ne suis pas votre ennemi !
- Mais vous êtes...
- Ah ca ! Oui je suis un elfe. Mais pas un elfe de sang, je ne suis pas aux ordres de Kael’thas. En vérité je suis ici pour le combattre et parfois j’ai la chance de tomber sur de charmantes demoiselles en détresse à sauver... et à soigner dans votre cas.

L’histoire commençait à prendre un sens. Cet elfe faisait certainement parti des Clairvoyants, un groupe d’elfes qui avaient choisi de rejoindre le camp de Shattrah et luttaient désormais contre leurs frères. Celui-ci avait du surprendre notre combat et me soigner.
- Et... Shaathun ?
- Vous voulez dire le Gangregarde ? Un vaillant combattant mais les elfes sont des maîtres en démonisterie et ils sont parvenus à accomplir un sort de bannissement. Je ne peux pas l’en libérer, vous devriez pouvoir mais pas dans votre état.

Je regardais autour de moi. Visiblement j’étais dans un camp de fortune, sur un lit de feuilles vraisemblablement récupéré dans les écodômes et couvertes de bandages de la tête aux pieds. Apparemment ma blessure au crâne n’avait pas été mon seul souci.
- Vous devriez récupérer... mais moins rapidement que si j’avais pu utiliser mes pouvoirs. Hélas vos blessures sont saturés de magie à cause des armes des elfes et la réaction aux sorts de soins est très ennuyeuses... je n’avais aucune envie de vous faire exploser, alors j’ai du utiliser des soins un peu plus naturels.
- Des soins... Ah ! Je comprend maintenant, vous faites parti du concours et vous m’avez suivi en espérant gagner des points !
- Un concours ?
- Bien sur ! Ne faites pas semblant de ne pas savoir qu’un grand congrès se tenait à la zone 52 et qu’on y avait organisé un concours !
- La zone 52... ?
- Ne me dites pas que vous êtes paumés...
- Oh non, je sais ou je suis ! Mais je ne fréquente pas vraiment les villes... si c’est bien de cela que vous parlez.

Je devais être tombée sur une sorte d’ermite ou quelque chose du genre. Le personnage était assez atypique, un physique d’elfe mais moins exubérant que ses cousins m’aillant attaquer, des vêtements d’une simplicité à en faire pleurer un gnome couturier, un ton de voix chaud et rassurant... ce type n’avait d’elfe que le nom ! Ou alors un haut elfe, ceux pour qui le mot sagesse à encore un sens.

Bah, j’aurai pu plus mal tombée. Étrangement, l’inconnu dégageait une aura très familière... comme si je l’avais déja vu... mais ou ? Encore un truc dont j’étais proprement incapable de me souvenir, ce qui avait le don de vexer les gens qui eux, bien sur, se souvenaient parfaitement de moi.

D’ailleurs...
- Pardon mais comment connaissez-vous mon nom ? Vous m’avez appeler Synapse tout à l’heure.
- Oh c’est très simple, votre démon n’a cessé d’hurler votre nom quand vous avez reçu le chakram et que vous avez dévaler la pente pour vous écraser sur les rochers en contrebas.
- OUla, j’ai fait tout ca moi ?
- Oui... c’est pour ca que je vous conseille de ne pas bouger. Enfin bref, le démon hurlant "Synapse, Synapse !" a tout bout de champ, j’en ai déduit qu’il devait s’agir d’un nom... ne voyant pas trop une autre possibilité pour employer ce terme.
- C’est ca, moquez vous. D’ailleurs quel être votre nom à vous ?

Cette question fit sourire l’inconnu, comme si il était un peu surpris qu’on la lui pose. Prenant une bonne inspiration, il annonça fièrement :
- J’ai bien des noms, mais celui que l’on me donne le plus souvent et que j’apprécie le plus est... Sloth !

Silence.
- C’est quand même un peu curieux de prendre un air pareil pour un nom qui signifie "paresse", remarquai-je.
- On ne critique pas, s’il vous plaît.

*** retour au camp ***
- *baille* hmmm, je suis crevé, j’ai fait toutes les boutiques de la Zone 52 et pas moyen de trouver le moindre instrument.
- Hein ? Des instruments de quoi Gurdan ? Demanda Gabu.
- Bah de musique tiens, je suis musicien souviens-toi.
- Il faut le comprendre, fit Cattnia. Gabu a déja du mal à se souvenir des trucs importants, alors la musique...

Vexé par la pique de la succube, Gurdan chassa une partie de la poussière violette, issue de la terre saturée de magie et qui s’était installée sur sa cape durant le trajet entre le camp et la ville gobeline et tenta de changer de conversation :
- Une tempête de mana se prépare apparemment, j’espère qu’ils en ont terminé avec la sélection.
- Presque. J’ai fini mon épreuve et Bizrot aussi, mais il en reste encore cinq.
- Cinq ? On ne va quand même pas tous les prendre !
- Oh non, Bizrot les à réuni pour des derniers tests. On dirait qu’il veut leur faire un discours... tiens regarde ils sont là bas.

Alignés et quasiment au garde-à-vous, les derniers candidats subissaient le regard inquisiteur du minuscule Bizrot qui patrouillait de gauche à droite comme un militaire à la parade. Le nez en l’air et avec un air sévère, on aurait dit qu’il se prenait pour un vrai sergent instructeur qui voudrait intimider de jeunes recrues.

Mais c’était clairement inutile car les candidats, loin d’accorder la moindre attention au diablotin, était tous a moitié tremblant, une lueur de crainte mêlée de folie dans leurs yeux, à l’exception de l’ogre qui était parfaitement calme et même, souriait.
- Ils ont l’air étrange... remarqua Gurdan. Ils ont peur de quoi au juste ?
- Ce n’est pas de la peur, ils sont juste choqués, expliqua Cattnia. L’épreuve de Bizrot a été très rude, c’était... c’était indescriptible.
- Je vois... heureusement que je n’ai pas eu à subir de test moi.
- Non, toi tu t’es juste incrusté, comme d’habitude.
- Eh ! Mais qu’est ce que je t’ai fais ?
- Rien, je plaisante. Au fait, si tu veux voir des gens traumatisés, regarde par là.

Dans un coin sombre du camp, deux silhouettes se tournaient le dos, recroquevillées sur elles-mêmes. Gurdan dut plisser les yeux pour se rendre compte de qui il s’agissait.
- Hein ! Zek ! Et même... Krull !!! Mais enfin, c’était quoi l’épreuve de Bizrot ?
- Oh rien à voir ! C’est mon épreuve ce coup-ci, j’ai demandé à Zek et à Krull de faire un duo au chant et vu qu’aucun ne voulait abandonner le premier, ils ont fini par le faire. Hé hé hé.
- ...

Tandis que l’elfe et le voleur tentaient de se remettre d’un traumatisme profond, Bizrot continuait son rôle de sergent-chef.
- Écoutez moi bande de larves ! Vous avez survécu aux premières épreuves... n’en soyez pas fier ! N’importe quel demeuré aurait pu le faire ! Mais parce que vous vous êtes hissé au rang de demeuré et que vous n’êtes plus de la chair à canon comme les erreurs de la nature qui ont échoué les tests, vous avez gagner le droit de porter un nom pour la suite des épreuves. C’est compris !
- Ouai...
- J’ai rien entendu !!!
- Oui seigneur Bizrot !
- Bien. Alors sous mon ordre vous allez donner votre nom, votre prénom, votre âge, votre profession, la raison qui vous a pousser à rejoindre notre groupe et également tout ce que vous jugez d’important sur vous. Vous préciserez également le nombre de vos frères et soeurs.
- Hein ? Mais pourquoi ?
- On ne discute pas ! C’est parfois super important, on sait jamais !
- Apparemment, Bizrot aussi est traumatisé, commenta Gurdan.

Bizrot s’arrêta devant le candidat le plus à droite, un humain. C’était un prêtre dans une tenue étonnement sobre pour son rang, une tunique grise avec un peu de velours noir aux épaulettes et aux manches. L’homme lui-même avait une allure stricte et sévère, un visage sec et autoritaire, des cheveux noirs avec un catogan et un bouc savamment taillé. Il donnait l’impression de pouvoir abattre un ours rien qu’en lui lançant un regard noir. Bizrot tapota de sa baguette la botte du prêtre et celui-ci déclara :
- Caporal Edwin Bialar, prêtre de bataille du corps d’armée détaché à la surveillance de la Porte Noire. Je suis fils unique...
- Oh un militaire ! Et vous avez déserté votre poste pour courir l’aventure en Outreterre caporal ?
- Négatif, j’ai été envoyé en mission pour recueillir le maximum d’informations sur nos principaux ennemis. Votre... initiative tombe à pic.
- Et pourquoi devrait-on vous choisir ?

Le prêtre eut un regard presque dédaigneux envers le diablotin puis, après un rapide sourire, déclara :
- C’est simple, parce que je suis le meilleur. J’ai soigné un nombre incalculables de personnes dans les pires conditions qui soient et j’ai souvent du me tirer de situations vraiment calamitique. Je ne compte que sur mon talent.
- Pas de chance, ici on compte surtout sur la chance... Mais en tant que prêtre quelle est votre spécialité au juste ? Les soins de groupe ? Les bénédictions ?
- L’homicide.
- Ah... vous n’êtes pas censé soigner les gens plutôt que les tuer ?
- En principe oui, mais je suis partisan d’un courant de pensées qui préconise que l’élimination de tout individu susceptible d’occasionner des blessures était préférable à la réparation des blessures en questions. C’est de la logique.
- Mieux vaut prévenir que guérir... je vois, charmant. Suivant !

Le suivant était un chaman, un vieux troll aux pupilles dilatés consommateurs de spiritueux qu’on aurait volontiers qualifié de grabataire si celui-ci n’avait pas brillamment passé les épreuves précédentes. Sur lui, la peau ordinairement bleu sombre des trolls avait viré au grisâtre étrange, ses longs membres maigres et noueux lui donnaient l’air d’un arbre mort et sa longue chevelure blanche garnie de multiples spécimens végétaux, de lierres aux champignons en passant par des choses encore moins agréable, n’arrangeait guère le tableau, lui donnant l’allure d’un rescapé de l’époque ou les magasins comme celui de Bob l’herboriste avait pignon sur rue, si vous voyez ce que je veux dire :
- Je me nomme Pilat mes chers enfants, je suis un sorcier-docteur des tribus du nord glacé. Je suis venu en Outreterre pour... et bien pour visiter, on m’en parler pendant si longtemps mais je n’avais jamais eu l’occasion de voir de moi-même cette terre ancestrale des orcs. Dommage qu’elle soit légèrement dévasté désormais... mais peu importe c’est toujours très intéressant ! Et puis j’aimerai beaucoup visiter ces vaisseaux volants la-bas... alors je me suis inscrit.
- Heu... on est pas la pour faire du tourisme, vous en avez conscience pépé ?
- Mais oui bien sur, bien sur. Mais à mon âge vous savez, la guerre, l’aventure, les balades tout ca... ca revient un peu au même. L’important c’est de voir du pays.
- Ah bon...
- Évidemment ! C’est d’ailleurs ce que n’arrêtait pas de répéter mon cousin Croupatchoff et... ah oui d’ailleurs je voulais dire que, comme vous l’avez demandé, j’ai de nombreux frères et soeurs ! ... Mais en y réfléchissant bien ils doivent être tous décédé maintenant... aaah le temps passe. Tiens c’est comme la fois où...
- Attendez ! Pas besoin de raconter votre vie... donnez moi juste votre âge.
- Oooh je suis vieux mon petit diablotin, très vieux. Quand à l’âge précis... je vous l’aurait volontiers donner mais je ne sais hélas pas compter.
- ... et en autant d’années d’existence vous n’avez jamais pensé à apprendre ?
- Tiens je n’y avais jamais pensé à ça !
- Suivant !

Le suivant ou plutôt la suivante avait également quelque chose de végétal mais dans un tout autre registre. Les cheveux d’un vert brillant, la peau pâle et douce, les oreilles pointues...
- Elfe de la nuit donc... nota Bizrot.
- Hmm, tu devrais regarder un peu mieux, conseilla Cattnia.

Bizrot releva la tête de ses papiers et considéra l’elfe. Un visage souriant, trop souriant même et qui dénotait une insupportable joie de vivre propre aux espèces aux qualités intellectuelles amoindries à force de vivre dans les arbres. Bizrot continua le détail : Un habit inexistant totalement indécent, un buste à en faire mourir un Zek, des muscles fins mais puissants qui dénotent une vie sportive, quatre petits sabots plutôt mignons, une lance en forme de branche en guise d’arme...
- Bah quoi c’est juste une folle qui vit dans les b... Minute ! Quatre sabots plutôt mignons ???
- Hihi merci, gloussa la candidate.
- Une... une centaure !

*SCHBAAAAM*
- C’est une dryade idiot ! Rectifia Cattnia après avoir frappé le diablotin et récupéré ses papiers. Laisse moi m’occuper de ça tu veux...

L’inconnue était effectivement une dryade. Pour information les dryade sont des esprits de la forêt, filles de Cénarius le demi-dieux qui guida pendant longtemps les elfes de la nuit. Physiquement les dryades ressemblent aux elfes de la nuit, souvent en plus jolies, mais le bas de leur corps est, à l’instar des centaures, constitué de quatre pattes et de sabots. Notons aussi que les dryades peuvent avoir de petits cornes, des bois voir carrément des branches dans les cheveux. On raconte même que certaines dryades pouvaient prendre forme humaine ou même fusionner avec les arbres.
- C’est drôle, on dirait un mélange entre Ladjuna et une gazelle ! Remarqua Gabu.
- Du point de vue du caractère, on dirait qu’elle tient plus de la gazelle... commenta Dezha.

En effet la dryade, comme la plupart des membres de son espèce, semblait légèrement déconnectée du monde qui l’entourait... non soyons franc elle était totalement partie. Ne pouvant tenir en place tandis qu’elle se présentait, elle gambadait joyeusement entre les personnes présentes en émettant de petits rires semblable à des gazouillements... on pouvait sérieusement se demander si la dryade avait bien conscience de l’endroit où elle se trouvait.

Parmi les nombreuses digressions de la dryade, Cattnia parvint à comprendre que la gazelle en question se nommait Naoh. Bien sur son vrai nom était infiniment plus compliqué comme tout ce qui est elfique mais elle semblait bien aimé ce raccourci. Si Cattnia eut le droit à un récit complet de ses nombreuses soeurs, rien n’expliqua la très curieuse présence de la dryade en Outreterre. Sa présence avait d’ailleurs marquée les épreuves car si on l’avait vu sans surprise réussir la première épreuve, les dryades faisant parti des créatures terrestres les plus rapides, les candidats l’avait vu avec horreur réussir avec brio la seconde... se demandant comment une créature naturellement végétarienne pouvait engloutir autant de viandes.
- Elle est complètement jetée... s’inquieta Bizrot.
- Oui mais c’est une dryade, leurs pouvoirs sont bien supérieurs a ceux des êtres normaux !
- Elles peuvent soigner ?
- Oui, et plein d’autres choses mais si leurs pouvoirs concernent surtout la forêt. Mais même dans un environnement peu favorable, c’est un allié de poids.
- Elle ne sait même pas ce qu’elle fait là...
- Bah tant qu’on peut en profiter ! Suivant ! Ooooh...

Le suivant, encore plus que la dryade, avait été l’attraction du concours. Un ogre... certes les ogres n’étaient pas rare en Outreterre et certains d’entre eux étaient même employé par les gobelins en tant que gardes mais il était très rare de les voir se mêler aux aventuriers. Alors en voir un dans un concours de soigneurs...
- On va avoir un problème, signala Cattnia. Il ne parle pas la langue.
- Grudaff zag zag.
- C’est pas comme si on avait pas l’habitude, fit remarquer Dezha.
- Gruh ? (Qui me parle ?)
- N’empêche que ça ne va pas être très pratique pour l’interroger.
- Une minute, intervint Zek. Lui je l’ai entendu parler tout à l’heure !
- Oh ça c’est normal, il ne parle notre langue que quand je lui permet, fit une petite voix sortie de nul part.

Cattnia regarda vivement autour d’elle sans comprendre. Une petite voix aiguë lui avait répondu sans qu’elle puisse en déterminer la provenance. Cattnia commençait sérieusement à penser que la voix venait du ventre de l’ogre quand une minuscule prêtresse sautilla devant la succube pour se faire remarquer.
- Qu... qui es-tu ? demanda Cattnia en se retenant de pouffer.
- Je suis Gamona ! La cinquième sélectionnée !
- Ga... gamine ?
- Non ! Gamona ! Ga-mo-na ! Et oui je suis petite, je le sais, mais je peux servir d’interprète pour Zrog , en fait on s’est présenté ensemble au concours. Au fait comme qui dirait parti d’une sorte de lot !
- Une prêtresse... et un ogre ?

Le tableau était édifiant. Zrog était évidemment très grand, comme tout les ogres, et sa masse corporelle devait avoisiner celle d’une honnête maison gnome. Gamona quand a elle, affublée de vêtements bleu clair et au visage angélique garnis de cheveux blonds coupés courts, était à peine notable, comme une poupée oubliée que trimballerait l’ogre pour on-ne-sait quelle raison.
- Zrog est un ogre tout à fait charmant, expliqua Gamona. Il était chaman dans son clan et un jour, alors que je visitais l’Outreterre sur mon poney, il m’a sauvé de l’attaque d’une araignée géante qui avait dévoré mon poney... non en fait il ne m’a pas vraiment sauvé car il voulait d’abord manger l’araignée... ou plutôt mon poney mais il a été énervé que l’araignée l’ait mangé la première et...
- Ils causent beaucoup les nouveaux, remarqua Dezha.
- Au moins ils sont enthousiastes, répondit Gurdan. Puis au pire on peut prendre le militaire là... il cause pas lui.
- ... et donc c’est comme ca qu’on a décidé de partir à l’aventure ! Conclut Gamona.
- Je vois... fit Cattnia, soulagée.

Intriguée par la dernière concurrente, Kaolie s’était rapproché silencieusement pour contempler sa potentielle future amie. Arrivée à sa hauteur, elle entreprit de se mesurer à elle et, hélas, malgré les couettes de Kaolie avec un volume maximum, Gamona était tout de même plus grande qu’elle... de peu.
- Hihihi, c’est amusant ! Kaolie pensait que les gnomes ne pouvaient pas devenir prêtre !
- Mais... je ne suis pas une gnomette. Je suis humaine.

Silence.
- Vr... vraiment ? S’étonna Cattnia. Mais quel âge as-tu ?
- J’ai 15 ans. Je sais je suis assez petite pour mon âge mais ce n’est pas si rare...

En effet Gamona n’avait pas l’aspect un peu boudiné et infantile des gnomes... mais elle restait vraiment très petite pour une humaine, indiquant clairement un défaut de croissance.
- Pourquoi vous me regardez ! S’indigna Liven. Je l’a connais pas !
- Bon peu importe, enchaîna Cattnia. Tu as dis que l’ogre ne peut parler notre langue que si tu le permet... ça veut dire quoi ?
- Oh c’est en fait simple, il ne parle que lorsque c’est moi qui le dirige. Je suis une sorte d’experte du contrôle mental en fait !
- Du contrôle mental ? Tu peux faire ça... a un ogre ?
- Oh oui, c’est plutôt simple. En fait il est contrôlé la plupart du temps... et si ce n’est pas le cas il est juste abruti. Si je ne faisais pas ça notre relation ne serait pas aussi simple.

Les gens commencèrent à la considérer sous un autre angle. En réalité c’était cette minuscule gamine qui jouait à la poupée avec l’ogre... le pouvoir des prêtres de dominer l’esprit des autres était loin d’être le plus populaire.

Afin de briser la glace, Gamona montra les multiples utilisations possible d’un ogre contrôlé. Elle pouvait le faire danser, le faire chanter comme à l’épreuve de Cattnia, lui faire réciter des poèmes, le faire foncer dans les murs, lui faire faire les papiers peints etc... et bien sur s’en servir comme monture.
- On dirait que c’est une habitude chez les gamines effrayantes de ce servir des épaules de monstres énormes comme siège, remarqua Zek.
- Qui tu traites de gamine effrayante au juste ? Demanda une mort-vivante.
- Je suppose que pour le concours de bouffe, c’est l’ogre qui t’a débarrassé de ta part... soupira Cattnia.
- Tout juste ! J’espère que ce n’est pas éliminatoire, héhé !
- Non... de toute façon on va vous considérer comme un seul candidat. Ça n’est fait plus que quatre... oh dernière question, des frères ou soeurs ?
- Oh oui j’ai une soeur, elle me ressemble beaucoup mais je ne sais pas trop ou elle se trouve.
- Arrêtez de me regarder ! C’est pas moi !

Les candidats semblaient effectivement très en verve, ravis d’être enfin considérer comme des individus à part entière dans un concourt qui jusque là avait été très humiliant. Mais Bizrot gardait en tête qu’il ne fallait n’en garder qu’un... et qu’il n’avait plus la moindre idée de comment choisir.
- On pourrait tirer au sort... proposa-t-il.
- Eh la ! Intervint Edwin. Vous nous aviez dit que chaque démon proposerait un défi, ce n’est pas terminé.
- Hein ? Ah oui, désolé mais Shaathun n’est pas encore rentré et on va devoir terminer sans lui.
- Ce n’est pas du gangregarde dont je parle, mais du démon, la-bas, en train de jouer de la lyre.

Désigné du doigt par Edwin, Gurdan qui était tranquillement en train d’accorder ses instruments, releva brusquement la tête.
- Quoi ? Quoi ? s’étonna le satyre.
- Tiens c’est vrai ça ! Fit Bizrot. Toi aussi tu es un démon en fin de compte.
- Un demi-démon... et je n’appartiens pas à Synapse !
- Et alors ? Nous non plus. Dépêche toi de trouver un défi.
- Mais je n’ai pas idée !
- Trouve quand même. Je ne sais pas... un sport que tu aimes bien, une activité que tu trouves intéressante, n’importe quoi !

* 5 minutes plus tard *
- Oui bon quand j’avais dit n’importe quoi, je pensais à quelque chose un minimum recherché quand même.
- Tais-toi et pêche.

Mais laissons de coté ce palpitant concours de pêche et revenons à moi, toujours dans la cabane improvisé d’un elfe de sang étrange, me rendant compte de plus en plus que j’avais tout juste échappée à la mort. J’étais en train de regarder mes blessures et mes cicatrices en soulevant discrètement la couverture quand une atroce réalité me frappa l’esprit comme un râteau quand on marche dessus !
- Mais je suis entièrement nue !
- Vu le nombre de bandages que j’ai du vous faire, le terme "nue" n’est plus trop approprié, répondit Sloth.
- Mais ça veut dire que c’est vous qui vous m’avez... enfin vous m’avez vu... Rhaaa mais comment avez-vous osé !!!
- C’était ça ou vous mourriez de vos hémorragies, j’ai pensé que votre honneur ne valait pas votre vie.
- Et bien vous aviez tord... Bon et qu’est devenu ma robe, espèce de voyeur ?
- Vous parlez des lambeaux de tissu couverts de sang que j’ai retrouvé éparpillé un peu partout autour de vous ?

Un sentiment de tristesse et de perte m’envahis quand Sloth désigna l’endroit ou il avait mis ce qu’il restait de mes vêtements. c’était la deuxième robe de chez Fjord que je bousillais en peu de temps... et de plus en plus de gens en Outreterre en profitait pour se rincer l’oeil, s’était inadmissible !
- J’espère pour vous que vous n’avez pas profité de la situation, immonde pervers.
- L’immonde pervers est un parfait gentleman à ses heures, je n’ai considéré votre "personne" que d’un point de vue médicale soyez-en assurée.
- Hmm... vous êtes prêtre donc ?
- Pas vraiment. Disons que je suis assez doué pour soigner les gens. J’ai beaucoup étudié en ce sens en tous cas. Mais je ne prie aucun dieu... et je manie l’épée également.
- Ah, alors vous êtes paladin ! Enfin chevalier de sang, comme on le dit chez vous.
- Eh bien je n’ai pas souvenir d’avoir appartenu à cet ordre... et je ne porte pas non plus d’armure aussi ridicule.

Sloth m’énervait, on avait l’impression qu’il ne voulait coller à aucune case qu’en tant que bonne conformiste bien élevée, je lui proposai gentiment :
- Bon alors vous êtes un paladin solitaire sans armure et athé.
- Si vous voulez... c’est obligé de me coller une étiquette ?
- Oui. C’est obligé.

Je tentait de me relever en gardant la couverture plaquée sur moi, toutefois une vive douleur dans le dos me fit rapidement renoncer à cette idée. Alors que je m’apprêtait à dire tout le bien dont je pensais des soins de Sloth qui ne me permettaient même pas de marcher, celui-ci fit un léger mouvement des doigts tendit qu’une aura bleu jaillissait de sa main. L’instant d’après je n’avais plus mal.
- Oh... vous auriez du commencer par ça.
- Comme je vous l’ai dit on est jamais trop méfiant avec les armes des elfes de sang. Mais vos blessures se sont suffisamment reposés, dans une heure ou deux vous pourrez aller rejoindre vos amis... et n’oubliez pas votre démon.
- Comment vous savez que je voyage avec des amis ?
- Oh je le devine, une aussi jolie femme que vous ne doit sûrement pas voyager seule.
- ... c’est la tentative de séduction la plus ridicule que j’ai vue et pourtant j’en connais des elfes pas doués.
- Mais qui vous dit que je voulais vous séduire ?

Il m’a sauvé la vie. Il m’a sauvé la vie. Il m’a sauvé la vie. Ne pas le tuer.
- Je devine toutefois que vous n’avez pas une folle envie de les rejoindre, je me trompe ? continua Sloth.
- Non... ce n’est pas à cause d’eux, ils font tout pour m’aider mais... mais pourquoi je vous raconte ça ! Je ne vous connais même pas.
- Je vous ai soignée, cela vaut bien une petite histoire.
- Bien... en réalité je me prépare à envahir les places fortes les mieux gardé d’Outreterre tout ca pour espérer mettre la main sur un objet qui puisse vaincre ma soeur... ma soeur, même un paumé comme vous doit la connaître ! Enfin bref, toute cette histoire est ridicule.
- Votre soeur doit être redoutable. Mais pourquoi vouloir la vaincre ? Elle vous a volé votre brosse à cheveux ? Vous voulez le même petit copain ?

Son humour commençait franchement à me porter sur les nerfs. Il passait d’un ton amical et attentionnée a des piques vraiment irritantes. Il jouait à quoi au juste ? On a pas gardé les dragonneaux ensemble !
- Ah ah, très drôle... Non rien d’aussi trivial bien sur ca serait trop... En fait je ne sais pas ce qu’elle me veut cette cinglée ! Si ça se trouve c’est vraiment quelque chose d’aussi trivial et je ne le sais même pas.
- Pourquoi ne pas lui parler alors ?
- On voit bien que vous ne la connaissez pas, elle est aussi folle que terrifiante. Nos parents ont renoncé à lui parler depuis une décennie alors ce n’est pas moi qui va la changer. Non, la seule solution c’est fuir ou l’affronter... et j’ai trop fuit. Ses sbires m’ont déja poursuivis dans toute l’Outreterre, j’en ai assez.
- Alors peut-être devriez vous fuir pour de bon, vous en allez hors de sa portée. Je connais des endroits qu’aucun autre être vivant ne connaît, vous pourriez y passer de long mois tranquilles sans vous y faire. Vous semblez vraiment fatiguée par tout cela, ça vous ferait du bien.

Me cacher ? J’avoue que l’idée était séduisante. J’aurai damné père et mère... enfin façon de parler... pour avoir l’occasion de souffler un mois ou deux, ne rien faire, dormir tout le temps.

Mais baste, tout d’abord je suis une femme forte qui décider de s’adonner à la feignantise uniquement quand elle a atteint son objectif, à savoir cesser de fuir sa soeur, et de plus cette idée de se cacher ressemblait beaucoup trop à une fuite en amoureux avec ce Sloth. Mais enfin pourquoi j’attire à ce point tous les elfes ?
- Enfin oubliez cette idée, une femme comme vous qui vivrait dans des conditions comme les miennes... vous n’auriez plus forme humaine au bout de quelques jours, ah ah !

Oui bon, peut-être pas tous les elfes.
- Et avant de devenir comique ambulant, vous habitiez où Sloth ?
- Comme la plupart des hauts elfes, à Silvermoon. C’est une très belle ville... enfin avant que le fléau n’en rase la moitié. Si vous aviez pu voir le grand parc des pommiers dorées durant l’été, c’était l’endroit le plus...
- Le plus merveilleux d’Azeroth, je sais. Je connais Silvermoon, j’y ai passé une partie de mon enfance.
- Oh vraiment ? Ça explique votre attitude décontracté avec moi. En général les humains ont toujours une sorte de crainte et de respect naturel envers les hauts elfes, de l’admiration aussi, ça avait quelque chose de mignon...
- Oui mais moi j’ai trop vu d’oreilles pointues et de face d’immortels pour ne pas savoir que vous êtes tout aussi banal que le grouillot de Stormwind. Cette dernière étant d’ailleurs une ville nettement plus agréable à vivre que Silvermoon si vous voulez mon avis.
- Et d’ou vous vient cette science en matière d’urbanisme je vous prie ?
- J’en sais sûrement plus qu’un idiot d’ermite dans votre genre et laissez moi vous dire que...

Et la conversation continua... pendant des heures. J’ignorai pourquoi mais le sentiment bizarre qui m’avait envahi quand je l’avais vu avait laissé place à une aisance toute naturelle. J’avais peut-être fréquenter trop d’elfes ces derniers temps en effet. Toujours est-il que Sloth continua de parler, disant très peu sur lui et n’hésitant pas à m’arracher habilement quelques informations sur moi et devinant le reste.

Sa conversation était agréable, nous avions étrangement pas mal de points communs mais au fur et à mesure que nous parlions, je comprenais de moins en moins pourquoi quelqu’un comme Sloth avait choisi de vivre en reclus. Ce n’était pas normal, d’autant plus que son regard portait en lui une certaine tristesse indéfinissable. Mais je suppose que ce n’était pas à moi de lui en demander l’origine.

Après avoir fait le tour des banalités usuelles, la discussion tourna court quand on se rendit compte avec horreur que l’on avait laissé Shaathun coincé dans le sort de bannissement. L’en sortir fut assez simple par contre lui expliquer la situation et l’empêcher de trucider Sloth fut nettement plus long. Toutefois après quelques explications imagées et une refonte complète de l’histoire sous une forme plus épique et plus convenable à la manière de Shaathun qui songeait déjà à en faire une pièce, le problème était réglé.

Le retour vers le camp s’imposait.

* Le camp *
- Donc j’annonce les résultats de la pêche, fit Bizrot. Edwin en a pêché 5, Pilat en a pris 3 dont un très étrange, Naoh en a convaincu 2 de sortir de l’eau ce qui je dois l’avouer est très fort, Gamona et Zrog en ont eut 6.
- C’est pas juste, ils ont deux cannes à pèches, se plaignit Edwin.
- Vous n’aviez qu’a recruté un ogre de maison. Je continue pour le classement interne : Cattnia deux, moi un, Tangkath quatre, Zaz un bravo Zaz et Gurdan... cinquante-deux.

Pas peu fier, le satyre toussota légèrement tout en essayant vainement de ne pas rougir sous les nombreux regards qui se demandaient pourquoi un démon en forme de bouc attirait autant les poissons.
- C’est une sorte de don naturel, j’ai toujours été doué à la pêche, expliqua Gurdan.
- Eh ben au moins ça fait quelque chose dans lequel tu es doué, ça et d’avoir toujours de mauvaises idées, fit Cattnia.
- Ben quoi, cette partie de pêche était une bonne idée non ? On a un classement, c’est Gamona qui gagne !
- Déja je ne sais si prendre la décision finale sur une partie de pêche est une grande idée, continua la succube, et oui je sais mon concours de chant n’était guère mieux mais si tu veux voir une vrai raison pour laquelle la pêche était une mauvaise idée, regarde la-bas !

Toujours au bord du lac, deux cannes à pêche restaient invariablement en l’air, tel un défi au poisson, manié par deux êtres dont la colère et la frustration semblaient formé des nuages noirs autour d’eux.
- Krull et Zek... zéro poisson, se sentit obliger de commenter Bizrot.
- Moi pas comprendre...
- Mais enfin qu’est ce qu’ils ont ces poissons ? Ils font la grève de la faim ou quoi ? se plaignit Zek.
- Ça être pathétique... toi chasseur et pas savoir pêcher.
- Je suis chasseur justement ! Je traque les grosses bestioles, pas des saloperies à écailles !
- Zek, ne soit pas vulgaire ! Rappela à l’ordre Cattnia.
- Et puis c’est facile de me critiquer ! Continua l’elfe. Et toi, tu n’avais pas quelque chose à faire d’urgent ?
- Moi avoir quelque chose à faire... moi juste attendre bon moment.

Les deux pêcheurs du dimanche était devenu l’attraction du coin, chacun se demandant comment s’était possible de n’attraper aucun poisson là où Gurdan avait fait une véritable pêche miraculeuse et en avait relâcher un grand nombre.
- C’est la faute de ce satyre, maintenant les poissons se méfient, ronchonna Zek.
- Ca être technique de faible, moi vouloir utiliser couteau pour pêcher.
- Pas moyen ! On a dit qu’on utilisait les cannes et que le premier à en sortir un de l’eau aurait gagner !
- Gagner quoi ?
- Je sais pas ! Gagner. Rhaaaa, je comprend pas ce qu’on a... il n’y a pas une sorte de manuel qui puisse nous expliquer...
- Vous devriez changer vos hameçons, conseilla Gurdan.
- Ca faire quatre fois que moi et elfe avoir changer appâts ! Nous avoir tout essayer pour rendre appât attirant pour poisson mais eux rien vouloir entendre !

Alors que les vers de Raz-du-néant mettaient de la mauvaise volonté à se faire dévorer, mon arrivée au camp passa presque inaperçue. C’est quand même dingue ca, je suis à deux doigts de mourir et personne ne le remarque !

Un brin vexée, je collais deux de mes doigts dans ma bouche dans l’espoir d’émettre un de ces superbes sifflements qui me faisaient tellement envie quand d’autres y arrivaient effrontément bien. Hélas, ce genre de choses ne marche que pour les autres. A la place, Shaathun et Sloth eurent la bonté de s’époumoner bruyamment afin d’attirer l’attention.
- Oh Synapse, te revoilà ! Fit Bizrot. Tu tombes, on venait de finir le choix du... c’est qui ce type ?
- Notre nouveau soigneur !

Silence.
- Hein ? fit Bizrot.
- Hein ? firent les candidats.
- Hein ? fit Sloth.

J’aurai annoncer à Bizrot que j’étais responsable de la petite taille de la race des diablotins qu’il n’aurait pas eu une tronche plus sinistre. Mon enthousiasme forcé n’y changea pas grand chose.
- Mais enfin c’est une aubaine, j’ai rencontré cet elfe qui est un excellent soigneur et comme on en avait besoin...
- Comme on en avait besoin on a organisé un énorme concours qui a épuisé les nerfs de dizaines de concurrents et les nôtres ! se plaignit le diablotin. La sélection est terminé et c’est Gamona qui nous rejoindra, ton copain n’avait qu’a être présent.
- D’autant plus qu’on ne m’a pas demandé mon avis... précisa Sloth.

Je regardai dans la direction indiquée par Bizrot pour qui était censé avoir gagner ce concours stupide.
- C’est ridicule, on va pas recruter Liven.
- Ce n’est pas moi ! fit une voix furieuse au loin.
- Peu importe, je ne la connais pas, je n’ai pas envie de recruter n’importe qui !
- Synapse... gronda Bizrot. C’est le principe quand on recrute un nouveau compagnon de ne pas le connaître avant ! Et d’ailleurs d’ou il sort cet elfe, tu le connais ?
- Oui, d’où il sort Synapse ? Demanda Zek.

Le chasseur en me voyant arrivé avait directement laissé tomber la canne à pêche, laissant Krull à la contemplation méditative de son absence de talent pour la pêche. Zek fusillait désormais du regard Sloth en se demandant quelle excuse il pourrait bien inventer pour le haïr.
- Il... il m’a sauvé la vie.
- Et alors, ca m’arrive tout le temps ca...
- Zek !
- Je suis sur qu’il n’arriverait même pas à pêcher un poisson !
- Peu importe Zek, interrompit Bizrot. Synapse, on avait dit qu’on ne prenait qu’une personne, alors ne complique pas les choses.

Encore une fois tout le monde me regardait comme si je faisais un caprice de gamine. Sur le chemin du retour, cela m’avait paru comme une évidence, les oracles m’avaient parlé d’un soigneur et je l’avait rencontré. Pas en forçant le destin et en organisant un stupide concours, mais juste en me promenant au hasard comme je l’avais toujours fait. Malgré son air étrange, Sloth était un bon signe et je le voulais à mes cotés, car il était le premier signe que j’arriverai peut-être un jour à me débarrasser de ma soeur. Il était temps de donner un peu de voix :
- Bon écoutez, je sais très bien que vous avez fait votre possible pour organiser ce concours et, soyons franc, vous les avez plus torturé qu’autre chose. Du coup je suis sur que vous êtes arrivez àsélectionner ceux qui étaient suffisamment cinglé pour ne pas s’enfuir en courant mais ce n’est pas ce que je recherche.
- Gruuh broo zag goorga (Ca peut être utile d’être cinglé vu ce qu’on doit faire...)
- C’est pourquoi j’ai décidé de laisser le verdict final à mon démon le plus intelligent et le plus perspicace.
- C’est très gentil Synapse, fit Bizrot. Alors comme je disais Gamona est...
- Une minute ! Qui a dit que je parlais de toi Bizrot ?
- Hein ? Mais alors qui...

Le diablotin ne termina pas sa phrase. Des flammes avaient commencé à apparaître autour de moi et un portail s’ouvrit, laissant passer un démon à l’allure équine et au caractère de cochon.
- Xellos ! L’acceuillai-je. Cela faisait un moment que je ne t’avais pas appelé.
- En effet... c’était bien...
- C’est LUI ton démon le plus intelligent ? Bouda Bizrot.
- Que tu le veuilles ou non, Xellos a beaucoup plus d’expérience que toi pour juger les gens. C’est un démon bien plus ancien et puissant que toi !
- Enfin on reconnais ma valeur ! S’étonna le destrier. Alors ma chère maitresse, que dois-je faire que ce piêtre diablotin est incapable ? Prend tooout ton temps, ma cousine est venue à la maison avec tous ses poulains et mon écurie démoniaque est devenu un enfer... enfin façon de parler bien sur.

La vie de Xellos m’avait toujours intriguée... jusqu’à ce moment précis. On expliqua rapidement la situation au cheval-démon, il nous traita d’idiots, il nous expliqua que même avec une armée de soigneurs on courait au suicide, il nous traita encore une fois d’idiots puis consentit à jeter un oeil aux candidats.
- Donc vous voulez que je désigne le plus puissant parmi eux ? Demanda Xellos. C’est facile...
- Oui heu... le plus puissant. Enfin le mieux quoi !
- J’ai vu suffisamment de tocards dans ma vie pour pouvoir juger des gens au premier coup d’oeil, alors ne t’inquiète pas... c’est moi ou cet ogre bave ?
- Oh pardon ! s’excusa Gamona.

Xellos regarda longuement dans les yeux des concurrents, certains gênés par l’insistance du démon, d’autres se demandant pourquoi des flammes s’échappaient de lui, si un steack de destrier démoniaque c’est bon ou bien était tout simplement ravie de voir une autre créature à quater pattes. Au bout d’un moment, Xellos revient vers moi, l’air dubitatif... enfin autant qu’un cheval puisse l’être.
- Alors ? Demandai-je.
- Alors si tu veux vraiment mon avis, lâche les bras cassés qui t’accompagnent d’habitude et prend les nouveaux, ils sont bien plus doué.
- Non Xellos, on en a besoin que d’un.
- ... alors laisse moi réfléchir encore un peu, j’ai certains doutes.
- Des doutes ?
- Va savoir pourquoi, certaines personnes aiment cacher leur puissance et ne l’étale pas au grand jour, comme ton idiote de soeur. Cela demande un brin de perspicacité et deréflexion pour reconnaître les puissances cachés...
- D’accord, d’accord, prend ton temps !

Voir Xellos réfléchir était quelque chose, il produisait plus de fumée que de vrai flammes et il mâchonnait négligemment l’herbe des écodomes qu’il avait sous les sabots. Mais tandis que mon démon était en intense réflexion, j’eus la vision la plus étrange qui soit : Krull avec une canne à pêche qui venait me parler.
- Synapse. Moi devoir demander service.
- Hmm oui Krull, que puis-je pour toi ?
- Moi devoir rencontrer parents Synapse, comment moi pouvoir trouver eux ?

A ce moment, Bizrot, Cattnia Et Tangkath, qui avaient eu la mauvaise idée de boire en même temps, furent à deux doigts de s’étouffer.
- Mes... mes parents ? Mais enfin pourquoi ? Ne me dis pas que c’est encore cette histoire d’Oracle !
- Moi devoir rencontre parents à toi. Moi savoir eux pas habiter en Outreterre ni Azeroth. Alors ou ?
- ... je ne sais pas. Ils déménagent tout le temps, ce sont de vrai vagabonds. Enfin j’ai ce charme qui permet de les retrouver mais...
- Merci, moi le prendre. Au revoir.
- ... mais c’est personnel. Bon tant pis... Eh ! Soit gentil avec eux !

Le voleur-barbare se contenta de faire un vague signe de la main pour montrer qu’il avait compris, il m’avait presque arraché mon médaillon enchanté qui permettait de rentrer chez moi. En vérité je ne m’en était pas servi depuis mon départ de l’académie démoniste. La "demeure" familiale avait une propension terrifiante à se balader entre les mondes et je me refusais à y aller quand elle n’était pas en Azeroth. On peut tomber sur des choses tellement bizarre des fois...
- Il est bizarre...
- Je n’arrête pas de le dire ! Commenta Xzan. Il ne m’a même pas parlé de ca.
- En même temps Krull et parler... ca fait deux. Je crois qu’il a peur que quelqu’un n’arrive à le vaincre... à un concours de pêche peut-être...

Derrière moi, un léger hennissement me fit comprendre que Xellos avait son choix.
- Humm humm, après mûre réflexion et mise à contribution de mon formidable intellect, j’ai l’honneur de vous annoncez que moi, Xellos Desbashir Kar’lieth, destrier officiel de la démoniste Synapse, ai fait mon choix. Le nouveau soigneur de l’équipe des Tribz sera...

-->